Il n'y a pas à tergiverser 36 ans. Lorsqu'Eddie Murphy fait un film comme Mille Mots, il parle à différentes personnes qui sommeillent en moi, que ça soit le petit garçon de cinq ans en train de se gaver de Chamallows ou la jeune trentenaire en pleine période d'ovulation. Tous deux ont besoin d'un film simple, l'un pour rigoler bêtement devant un black rigolo dont il n'a jamais entendu parler auparavant, l'autre parce que la douleur dans le bas ventre l'empêche de maintenir le moindre semblant de concentration pendant plus de 15 secondes d'affilée.
Bon, c'est sûr, le barbu que je suis à des fois tendance à éructer, voire se vomir légèrement dans la bouche lorsqu'il repense au Flic de Beverly Hills, un peu comme le môme une fois arrivé à la fin de son paquet de Chamallows, de même que ce barbu a par moment mal au cul-cul en se remémorant Un fauteuil pour deux, et piquerait bien la Viscéralgine en suppo que la trentenaire ne veut pas lui lâcher.

Quoiqu'il en soit, ces désagréments se font davantage ressentir lors de la première phase de la pellicule, abrutissante comme à peu près toutes les comédies familiales d'Eddie Murphy, avec une princesse nubienne et un marmot, qui laissent tomber notre héros qui agit de façon irrationnelle. Bah oui ! Il y a un arbre mystérieux qui perd une feuille à chaque mot que prononce Eddie, et évidemment lorsqu'il n'y aura plus de feuille, notre héros mangera les pissenlits par la racine. Il aimerait tout expliquer à sa famille, les empêcher de partir, mais il a passé sa vie à parler à tort et à travers, ce qui leur a certainement plu à une époque, mais les exaspère maintenant, et à moins d'avoir le QI d'une sauterelle, le déclic se fera très vite, tout ce film étant une peinture déguisée de la carrière d'Eddie Murphy. Il l'a passé à déblatérer des conneries, et le public lui a tourné le dos à peu près à l'époque du Professeur Foldingue, lorsqu'il devenait insupportable de le voir incarner 10 personnages dans un film et par la même nous noyer davantage dans un océan de paroles dénuées d'humour et de sens (mais toujours plus de pets et rots). Il n'a jamais réussi à revenir sur le devant de la scène, enchaînant des interprétations médiocres dans une continuité déconcertante, sans chercher à se renouveler, et son second-rôle dans Le casse de Central Park aura été la goutte d'eau faisant déborder le vase.
Il lui fallait donc un rôle où il parle peu, un rôle où il pourrait se faire (de nouveau) aimer de son public, à l'image de son personnage, tout en ayant un texte limité afin de prouver qu'il sait communiquer par-delà les mots, et ça Eddie le fait bien. C'est certes niais, téléphoné autant que puisse l'être une comédie familiale, mais c'est aussi amusant, divertissant, sans prouts et autres vulgarités, touchant au point d'effleurer les pleurs, un produit tout public qui a contenté un enfant de cinq ans qui va certainement finir obèse, une bonne femme chiante qui voulait qu'on lui foute la paix, et même un vieux barbu qui ne cesse de ressasser que les films c'était mieux avant. Que demander de plus, si ce n'est plus d'Eddie de cette veine ?
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le 5 juil. 2012

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