Mikael Blomkvist, brillant journaliste d'investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu'elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. De son côté, Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui.

Peu enclin au remakes, David Fincher a une nouvelle fois surpris tout son monde avec cette nouvelle adaptation du phénomène littéraire Millénium qui avait déjà fait l'objet d'un film il y a quelques années. Passé un magnifique générique cauchemardesque d'une noirceur vénéneuse, le spectateur plonge directement au cœur du film pour se retrouver en Suede, en totale immersion dans un univers qu'il ne connait pas, comme pour mieux se perdre dans les arcanes d'une enquête qui lèvera le voile sur certains fantômes du passé.

David Fincher offre à nouveau une démonstration de cinéma au spectateur avec une réalisation en apparence sobre mais qui est en réalité fouillée, riche, et soignée. Le réalisateur de se7en et Zodiac montre donc une nouvelle fois son aisance que ce soit pour créer une ambiance sombre et étouffante propre à l'enquête ou pour reconstituer des flashback nostalgiques baignant dans une belle lumière diffuse. Avec un savant mélange de teintes désaturées et une gestion de l'espace fluide, il nous plonge instantanément au cœur d'une terre glaciale, terriblement ténébreuse et malfaisante à laquelle contribue la musique organique de Trent Reznor. Tour à tour omniprésente et discrète, celle-ci participe directement à l'atmosphère envoutante du long métrage.

Si au jeu des comparaisons la version US tient la dragée haute en terme de réalisation, de rythme et d'ambiance par rapport à la version suédoise (signée Niels Arden Oplev ), on regrettera tout de même une certaine modération vis à vis de scènes violentes et malsaines qui parvenaient pourtant à instaurer un certain malaise et une forte empathie vis à vis des protagonistes. L'autre point important est bien sur l'iconisation de son héroïne Lisbeth. Bien qu'elle soit la grande révélation du film, Rooney Mara ne parvient pas à nous faire oublier la remarquable interprétation de Noomi Rapace, à la fois vulnérable et inquiétante dans la peau tourmentée de la jeune femme émo punk hackeuse.
Côté masculin, Daniel Graig dégage un charisme et un charme indéniable mais il lui manque toutefois la fragilité nécessaire qui crédibiliserait ce journaliste plongé dans un environnement hostile. Néanmoins, l'association improbable de ce duo aux méthodes d'investigations radicalement opposées fait une nouvelle fois des merveilles en nous tenant en haleine durant toute la durée du film

Avec sa maestria, David Fincher extrait la quintessence du célèbre roman pour livrer un thriller glacial mené de main de maître et confirme donc son rang de génie de la mise en scène après l'excellent The Social Network
jujumac
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le 20 janv. 2012

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jujumac

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