Millénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes par Hugo Harnois

Première question : pourquoi Mr Fincher (l'un des plus grands réalisateurs américains de sa génération) a souhaité faire un remake du (télé)film suédois d'Arden Oplev ? Peut-être pour retrouver ce côté sombre et glauque qu'il chérit tant (Seven). Ou bien pour remettre en scène un duo très charismatique (Fight Club). Probablement enfin pour s'attaquer à un nouveau polar dense et complexe nous mettant les nerfs à vif (Zodiac).

Deuxième question : la version fincherienne diffère t-elle réellement de la version suédoise ? Outre un générique totalement réussi qui rappelle les clips musicaux du réalisateur, celui-ci suit l'intrigue du livre d'origine de très près. Aucune surprise n'est donc à attendre au niveau du scénario. Quant aux personnages, on peut remarquer que Lisbeth semble avoir un peu plus de profondeur que son aînée. Rooney Mara (nominée prochainement aux oscars) joue avec intelligence une jeune femme faible en proie à ses démons intérieurs. Elle ne laisse rien transparaitre, ce qui fait d'elle une sorte d'énigme. Par ailleurs, la musique se différencie nettement du volet suédois, car même si elle peut sembler subtile et sans réelle importance de prime abord, c'est bien elle qui donne le ton juste et l'ambiance oppressante à ce film.

Troisième question : ce Millenium américain est-il une réussite ? La force de ce film vient d'abord de son opposition entre deux styles de recherches. Ici, la vieille école (Mikael) et les techniques ultra modernes (Lisbeth) se confrontent et progressent ensemble. Grâce à un montage alterné propre à Fincher (The Social Network), cette idée est parfaitement mise en scène. Cependant, l'absence d'émotions et cette atmosphère glaciale peut refroidir plus d'un spectateur, où l'intrigue, quoi que bien ficelée, ne charme pas plus que ça.

Dernière question : Irons-nous voir les deux prochains épisodes de cette saga ? Très certainement car la curiosité est toujours là, et des films réalisés par un tel artiste ne doivent pas se louper.