Une radieuse ballade nocturne
Je crois n'avoir jamais vu Paris aussi propre et coloré. D'abord confus par la succession interminable de plans tout droit sortis du camion des Télétubbies, je dois avouer avoir pris goût à la vision romantique et optimiste de la ville de lumière.
Laissons de coté les bourgeois prosaïques bouffés d'arrogance et empêtrés dans un présent qui ne demande qu'à devenir un futur toujours plus progressiste et terre-à-terre. L'inspiration nous vient de ce qui a été, idylle à jamais réclamée par les pauvres hères avides de sensations nouvelles.
Minuit, l'heure où tout se passe, où tout n'est qu'obscurité nous révélant les lumières qui scintillent par delà le rempart de l'insipide. L'Âge d'Or n'attend qu'à être découvert par ceux qui nous succèdent, cette étincelle pétrie d'inconnu, promesse d'un monde meilleur car boisée par la course du temps. Gil déambule dans les rues de Paris, la tête pleine de rêves et de regrets, d'artistes morts dont l'oeuvre subsiste en tant que trace immortelle de nos désirs les plus enfouis. Chaque rue, chaque réverbère, chaque rencontre est le témoignage de l'amour d'une vie, d'un souvenir, d'une espérance.
Poe disait que "la mélancolie est le plus légitime de tous les tons poétiques". Gil l'a bien compris, chacun pleure l'époque dans laquelle il vit et espère ce qui n'est plus, pour finalement ne retenir du présent que ce qui est nécessaire à nos yeux.
Armé d'une farandole de personnages joués à la perfection par une brochette de visages connus et reconnus, ce Woody Allen donne du baume au coeur, préparé avec soin par un regret toujours plus fort et parfois légitime.