Plutôt séduit au départ par le thème principal qui n'est pas sans rappeler celui de la Rose pourpre du Caire si ce n'est que dans un cas le personnage principal - Gil dans Minuit à Paris - s'échappe du triste quotidien du monde d'aujourd'hui pour basculer dans la fantaisie idéalisée du Paris des années folles et dans l'autre un héros de cinéma sort de l'univers figé de l'écran pour découvrir la réalité complexe du réel. Dans les deux cas, nos deux personnages, échappés de leur dimension spatiale ou temporelle, vivent une histoire d'amour passionnelle.
Minuit à Paris fonctionne donc comme un rêve avec l'irruption fantastique au cœur de la nuit de ce "carrosse" des années 20. Un rêve d'écrivain à l'imagination débordante, un songe de scénariste réunissant un casting de fou, un délire d'artiste enivré à la manière d'Apollinaire dans Nuit Rhénane. Comme dans tout récit fantastique, il n'est pas besoin de prendre cette histoire de voyage dans le passé au premier degré mais plutôt comme les tribulations fantasmées d'un écrivain en berne, d'un mari trompé et d'un homme du XXIème siècle blasé de la modernité.
Ce dispositif fonctionne relativement bien d'autant que tout ce que Gil fuit est effectivement détestable : une femme futile, des beaux parents vénaux et des amis de pacotille. On se met à sa place,et ses virées nocturnes sont un peu les nôtres.
Sauf que...sauf que... aux trois quarts du film, à la énième sortie nocturne, à la énième désobligeance de ses proches, le scénario finit par tourner en rond et ne surprend plus.
Du coup la fin arrive sans surprise et l'on se rend compte que l'on a assisté à un film plaisant mais loin des meilleurs Woody Allen. Du moins à mon goût.
Personnages/interprétation : 7/10
Scénario/Histoire : 6/10
Réalisation / Mise en scène : 7/10
6.5/10