Bon, quand même pas, je n'ai pas fait autant de bêtises quand j'étais petite.
Cette critique peut comporter des spoilers.
J'avais déjà tenté l'expérience Wes Anderson avec Darjeeling limited. Je m'étais lâchement endormie devant la tête d'Owen Wilson.
Là, je vois les critiques dithyrambiques de mes éclaireurs et vite, vite, je cours voir Moonrise Kingdom.
Parfait antidépresseur en ce temps de révisions acharnées (et oui), ce film est un petit bijou. On ne peut pas dire que le scénario soit original, que les acteurs soient transcendants etc. Mais le style du cinéaste est juste hallucinant. Plein de drôlerie, de trouvailles de mise en scène, de poésie et de nostalgie... (boarf, ça me donnerait presque envie d'avoir 12 ans de nouveau).
Je crois que je n'ai jamais vu des enfants jouer avec autant de naturel. Et puis, quelle originalité de la part de Wes (je suis comme ça moi, j'appelle les cinéastes par leur prénom, m'en voulez pas) de faire d'un "couple" d'enfants le centre de son film ! Ici, les adultes passent au second plan. Si je devais émettre une critique, ce serait la suivante: les personnages secondaires me paraissent trop nombreux, pas assez exploités et les acteurs assez quelconques. Je suis pourtant une inconditionnelle d'Edward Norton et de FrancesMcDormand. Mais qu'importe après tout, ce sont les deux petits qui comptent ! Les enfants virevoltent, les parents ennuient. Voilà qui est assez pertinent de la part du cinéaste, finalement...!
Ce qui est génial dans Moonrise Kingdom, c'est qu'on s'y reconnaît. Surtout quand on est encore un adolescent, pas si loin de l'enfance...Les deux petiots réalisent tous mes rêves de gosse : faire du camping au milieu de nulle part, gigoter sur la douce voix de Françoise Hardy face à la mer, avoir des boucles d'oreilles en scarabées, tout quitter et partir à l'aventure. Si vous avez encore un peu d'innocence en vous, si vous ne vous êtes pas totalement remis de vos jeunes années, il est quasiment certain que vous aimerez Moonrise Kingdom.
Oui, il n'y a pas beaucoup de rythme. C'est lent et poétique. A peine commence-t-on à trouver le temps long, qu'un moment fulgurant de lyrisme surgit sur l'écran. Wes Anderson sait surprendre son spectateur. Jusqu'à la fin du film, on se demande quelle autre bizarrerie il nous concocte. Est-il utile de s'extasier sur la photographie, les plans tous plus beaux les uns que les autres et l'ombre à paupières de Suzy ? Oui. Ca fait du bien de voir autant d'innocence et de naïveté dans un film. Tout n'est pas rose, évidemment. Le coup des ciseaux n'est pas ce qu'il y a de plus charmant. Mais tout est traité avec drôlerie, et on frôle parfois l'absurde voire le grotesque.
En tout cas, c'était aussi bref, fou et beau que l'enfance.
Ah, j'aurais dû faire du scoutisme.