Mr. Smith au Sénat a un petit côté niais et très américain : le héros a raison seul contre tous. Mais il possède également un charme indéniable, porté par le formidable jeu de James Stewart, capable de toute une palette d'émotions, de changer d'intention au cours d'un même plan, voire d'une même réplique. Son personnage de naïf absolu se muant en machine à combattre enfonce les stéréotypes.
Les seconds rôles, Claude Rains et Jean Arthur, incarnent aussi de façon exemplaire des individus dont les sentiments évoluent au fil du film. Claude Rains joue un politicien manipulé par un financier (un thème d'actualité en 1939, déjà...). Jean Arthur, en secrétaire citadine et blasée, se rend compte petit à petit que les convictions du "plouc" qui lui sert de patron ne sont pas dénuées de bon sens, et surtout, qu'elles portent un idéal. Elle va donc évoluer au contact de ces idéaux enfouis chez elle par l'habitude.
Il y a un plan magnifique dans Mr. Smith au Sénat : Mr. Smith, fraichement débarqué à Washington, discute en tête à tête avec la jeune et séduisante fille d'un collègue sénateur. Capra film ses pieds et ses mains, dans un plan qui s'arrête à sa taille. Il trifouille son chapeau, le laisse tomber, le ramasse... On entend le dialogue tout au long de la scène. C'est à la fois classique et d'une audace incroyable.
LA FIN, RACONTÉE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ/ EMMERDER VOTRE VOISIN/ S'EN SOUVENIR :
M. Smith se rend compte au cours du film qu'un barrage en construction dans son état couvre un délit d'initié. Conspué par tout le monde, il fait obstruction au Sénat pendant 24 heures (il parle en continu, sans s'assoir), pendant que les financiers qui tirent les ficelles tentent de le faire passer pour fou. Finalement, il convainc son collègue gouverneur, partie prenante de la manipulation, de tout avouer. Accessoirement, il emballe sa jolie secrétaire. Happy End.