2 ans après la sortie du premier opus qui avait déjà divisé les critiques (et on comprend pourquoi), Jonathan Liebesman a cédé la main à Dave Green pour réaliser la suite de ce « chef d’œuvre ». Nous voilà donc aujourd’hui à devoir faire face à cette magnifique perte de temps et d’argent qu’est Ninja Turtles 2.
Une première question se pose dès le début du générique de fin : A qui ce film s’adresse-t-il ? Visiblement pas aux enfants de la fin des années 80/début 90, aujourd’hui trentenaires, car le respect de l’œuvre originale est quasi inexistant et que le fan service est tellement évident qu’il nous transperce la rétine de part en part et le rend donc complètement abject. Donc à qui ?
Et malheureusement, le film semble être destiné à un public jeune. Les gens diront que la médiocrité du film est estompée par le fait que c’est destiné à des enfants. Mais justement, le problème est là : c’est pour les enfants, ce qui demande alors beaucoup plus d’attention de la part des créateurs du film, du fait que c’est à cet âge qu’on commence à forger ses goûts et ses avis. Là, nous faisons face à un divertissement bas de gamme qui semble surfer sur un revival de la licence Tortues Ninjas, prenant les gamins pour des moutons en leur faisant espérer voir un bon film juste parce qu’ils ont vu quelques épisodes du dessin animé des années 2000. C’est ça le problème, que le projet cherche juste à capitaliser sur cet aspect. Et ce n’est pas parce qu’un film est divertissant et enfantin qu’il doit être obligatoirement stupide et infantile, et les exemples ne manquent pas : Les 3 Toy Story, Shrek, Les Goonies, Qui Veut La Peau de Roger Rabbit, Babe 1 et 2, et j’en passe.
Le fait alors que le film soit destiné à des gosses soulève beaucoup de problèmes par rapport à sa structure. En effet, celui-ci sent la beauferie complexée à plein nez, nous ne sommes vraiment pas loin d’un Transformers, et la présence de Megan Fox au casting n’arrange pas les choses. Les personnages de Rocksteady et Bepop sont insupportables au plus haut point dans la caricature de ploucs beaufs et leur dégaine de punks des années 80 (dommage que le réalisateur ait oublié que nous ne sommes plus dans les années 80). Dès qu’on voit Megan Fox à l’écran, on se demande ce qu’elle fait ici et semble n’avoir juste pour seul intérêt la création d’un love interest entre elle et Casey Jones (qui ne sert strictement à rien dans le film à part pour le fan service du pauvre). Le pauvre Michelangelo se retrouve bloqué dans sa petite case de side-kick rigolo, Donatello dans sa case geek et Raphael dans son rôle du cœur tendre dans sa carapace de pierre. Le seul personnage un tant soit peu intéressant est celui de Leonardo, et malheureusement, c’est celui qui a le moins de répliques du film. Shredder tire la tronche durant tout le film et au final n’a eu aucune utilité, aucun combat, aucune scène d’action avec lui. Krang ne semble pas non plus à son aise dans la bataille finale, vu le peu de minutes où nous le voyons à l’écran alors qu’il est censé être le méchant principal du film.
Au revoir les personnages, parlons maintenant de la mise en scène, et Dieu que c’est mauvais. Les scènes d’action sont très mal filmées, on comprend rarement ce qui se passe à l’écran car filmé en gros plan et les effets visuels n’arrangent rien à la lecture de ces scènes. Il y a une utilisation abusive de la technique des flashs blancs qui sert à nous faire croire que ça pète de partout, alors que c’est en fait juste un manque d’inspiration pour créer quelque chose de nerveux à l’écran. Les combats sont également d’une nullité exécrable, très mal chorégraphiés, voire parfois carrément ellipsés (manque de budget ou d’envie, qui sait ?).
Le film est bourré d’incohérences, d’astuces scénaristiques tellement évidentes et de faux-raccords (juste un exemple : Raphael est sur une moto, le mur est à sa gauche. Plan d’après, il est à sa droite. Bravo le veau !). On ressent vraiment cette impression que les gens derrière ce film se fichaient complètement du résultat final. Et ce par connaissance du fait que, comme dit auparavant, les gens iront voir le film quand même, soit par nostalgie (et la déception par la suite), soit pour faire la sortie familiale au cinéma le week-end (et quel film !). D’ailleurs le film aussi tire beaucoup trop sur la corde et semble durer 30 minutes de trop, comme s’il voulait que vous en ayez pour votre argent en faisant un film plus long (histoire que la souffrance du visionnage dure plus longtemps).
Les tentatives d’humour sont… puissantes (c’est du sarcasme), et toutes les allusions sexuelles ou autres ne sont en aucun cas ici métaphorisées, ce qu’on retrouve parfois dans des films pour enfants mais que ceux-ci ne comprennent pas : elles sont ici complètement visibles à l’écran et apparaissent sans crier gare. Comment peut-on oser sortir un tel film et le destiner à des gosses, si ce n’est la volonté de violer leur innocence dès le plus bas âge ?
Le seul moment qui vous fera peut-être esquisser un sourire sera l’entente du générique du dessin animé des années 80 des Tortues Ninjas au début du générique de fin du film, jusqu’à ce que celui-ci s’efface en réalisant que vous venez de perdre 1h57 de votre vie face à cette bouse monumentale qui s’est essuyée les fesses avec votre enfance.
http://www.blu-rayphile.fr/critique-ninja-turtles-2/