C'est tout de suite qu'on se retrouve scotché à la pellicule, pour un voyage de deux heures admirablement filmé et à la maitrise rythmique impressionnante.

Elégance de la mise en image et de la mise en scène d'abord. Que de violence et pourtant, étrangement, je ne me suis pas senti mal à l'aise. Alors que ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse en général, cette violence, bien insérée dans son récit, passe comme une évidence. Elle est pleinement justifiée, ne tombe jamais dans la complaisance. Chaque plan est en quelque sorte légitime, sensé. C'est ici que l'écriture impressionne le plus. Une justesse rare.

De plus le reste du film nous offre des séquences de toute beauté. Les décors naturels, extérieurs sont magnifiés par une photo et un cadrage exceptionnels. Les intérieurs et le jeu de lumières et couleurs ne sont pas en reste. Comme si la lumière était sertie dans le cadre offrant, superbe parure, un bijou de film.

Concernant l'histoire, on saisit tout de suite malgré encore une fois l'aspect violent et animal des personnages que tout ce qu'ils trimballent dans leur périple est chargé de troubles, d'émotions et de réflexions d'une profondeur insoupçonnée. Derrière ce glacis d'actes palpitent des passés qui s'affrontent. Les dialogues et le jeu des comédiens participenet évidemment à cette construction de sens caché et finalement de subtiles relations. Un film tout en paradoxe en somme. A double sinon triple tiroirs. Qu'il me faudra voir encore pour en peser tout le juste poids. Je n'ai pas encore la certitude d'avoir bien compris et jaugé la fin par exemple, ce rêve, ce sentiment d'inachevé, de ratage. Pourquoi finir sur ce personnage?

La première chose qui m'est passé par la tête en sortant c'était cette savante maitrise du tempo, une science du rythme qui explose l'ordinaire. Stupéfiant.
Un film beau et fort.
Alligator
9
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le 31 janv. 2013

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Alligator

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