"Viens m'attraper, petit albinos !"
Le film commence dans une atmosphère de plomb. Chaque note de piano enfonce le clou de lendemains qui ne chantent pas, de paysages gris et froids, de ces deux êtres à la dérive. Néanmoins, il ne s'agit pas là d'une dérive sombre et mélancolique mais d'une dernière bravade, d'une fuite en avant sans rime ni raison, au sens figuré comme au littéral. Le spectateur muet suit le parcours de ce jeune, banal dans ses problèmes adolescents, mais différent par l'élément physique qui le distingue et qui devient l'absurde point de ralliement de cette histoire: sa rousseur.
Une fois l'étrange duo constitué, le scénario part peu à peu à la dérive lui aussi, au gré des décisions impulsives et hasardeuses de nos deux anarchistes fous. Le réalisateur s'amuse à choquer en laissant libre cours à un Cassel en pleine forme qui accumule les phrases cultes, tout en ne définissant pas réellement l'objet de ce pamphlet qui ne s'assume qu'à moitié et en ne traçant pas de lignes directives à son histoire qui finit inévitablement par déraper vers la fin.
C'est dommage car cela aurait pu devenir un excellent film avec une touche de cynisme en plus, une touche d'humour, une touche de réflexion... une de ces fameuses touches françaises qui était pourtant présente pour la première moitié du film.