"That's perhaps my only sin."

J'ai attendu des mois pour voir ce film et enfin, j'ai l'opportunité de le voir. Ce fut à la hauteur de mes espérances. Après avoir lu des critiques de ce film sur SC, des critiques dans des magazines de cinémas qui me faisaient tous baver à m'en rendre fou, je l'ai vu. Mais je dois avouer avoir douté. J'étais tellement impatient et curieux qu'on puisse faire un film qui n'hésite pas à sonder la conscience humaine à un de ses points les plus extrêmes, que j'avais peur que ce soit raté. D'ailleurs tous mes amis me disaient que j'étais taré de regarder ce genre de film et que cela relevait plus du porno que du film dont je me faisais l'idée. Mais l'envie était toujours là, alors quand j'ai vu qu'il était disponible je n'ai pas hésité.

J'admets ne jamais avoir vu de film de Lars Von Trier autre que Nymphomaniac Vol1, je n'ai donc aucun élément de comparaison et je partais sans réellement savoir comment fonctionnait ce réalisateur. C'était simplement bluffant. D'une part parce que ce n'était pas du tout un film remplit de scènes de cul comme on peut le croire, et d'autres part parce que chaque scène a un but.

Nymphomaniac c'est la biographie de Joe, nymphomane, qui est recueillie par un homme qui va lui montrer que malgré ce qu'elle croit, elle n'est pas si horrible que ça. Il va remettre en question son point de vue sur elle-même pour lui montrer qu'elle est tout simplement humaine, ce qui, peu à peu, va avoir pour effet de changer l'argumentation de Joe.

Elle se révèle à nous. LVT a procédé à une analyse de la condition humaine à la fois subtile et provocante: qui suis-je? pourquoi suis-je seule? pourquoi moi? comment me débarrasser de cette honte? comment me regarder dans un miroir? Malgré ces questions toujours sans réponses qui amènent Joe à se considérer comme une merde, on ne change pas l'humain, car Joe reste égoïste, ce qui représente l'Homme dans toute sa splendeur. Quand elle brise une famille, elle affirme sans hésitation qu'elle n'a rien ressenti du tout, elle s'en fout des autres elle ce qui l'intéresse c'est pouvoir combler ce manque incessant qui l’empêche de se sentir complètement en vie.

Joe a peur. Elle est seule. Elle est vide. Elle est en quête d'une chose qui lui est vitale sans savoir ce que c'est. Et elle fuit. On lui parle d'amour? Joe s'en va. Elle tombe amoureuse? Joe s'en va. Un homme devient trop attachant? Joe s'en va. Parce que Joe ne cherche pas l'attache. Tout ce qu'elle veut c'est baiser, non faire l'amour, car l'amour est pire qu'aveugle:

Seligman: Love is blind.
Joe: No, no, no, it's worse. Love distort things. Or even worse, love is something you've never asked for.

Mais cependant elle a honte de cette personne qu'elle est. Mais ces actes qu'elle commet sont à la fois ce qui lui fait se sentir en vie et ce qui lui donne envie d'y mettre un terme. Cependant, Joe continue car sa maladie la bouffe, elle a besoin de combler ce manque qui la ronge, par tous les moyens possible.

Jusqu'à ne plus rien sentir.