Cinquante ans après le film de Louis Malle (pas vu), Oslo, 31 août s'inspire à son tour du Feu follet de Drieu La Rochelle (pas lu) dans un récit amer et introspectif profondément désespéré. L'horizon est bas pour Anders, au presque terme de sa cure de désintoxication, revenant sur ses pas (comme sur les lieux d'un crime) 5 ans après avoir détruit sa vie, et amoché celle de quelques autres.

Alternant longues scènes dialoguées et errances urbaines, Oslo, 31 août tente de rendre compte du mal intérieur qui ronge Anders. Toujours juste dans son propos, jamais réducteur ou complaisant, le récit se heurte à sa propre intégrité. À trop vouloir tout dire, à trop vouloir bien faire, il peine quelquefois à accrocher le spectateur. C'est particulièrement édifiant dans les longues conversations du début entre Anders et Thomas, puis dans la rencontre entre Anders et l'amie de sa sœur, à la soirée d'anniversaire d'une amie. C'est un peu comme si le scénariste voulait donner toutes ses chances au personnage principal, toutes leurs chances aux autres. Il arrive donc que l'on décroche.

Mais Joachim Trier a du talent. Son film regorge d'idées qui sont autant de propositions cinématographiques. Les flash-forward très proches donnent une autre dimension au présent, quand la voix-off, qui n'est plus seulement narrative, interroge le passé. Et puis il y a cette très belle scène centrale, dans laquelle les conversations entendues dans un café finissent par flotter dans l'air, se répondre, suivre un personnage... Aussi travaillé visuellement, toujours très bien cadré, Oslo, 31 août, propose une mise en scène subtile, riche et multiple.

Très justement interprété par Anders Danielsen Lie et tous les autres comédiens, Oslo, 31 août, s'il ne convainc pas totalement, nous fait découvrir un cinéaste à suivre.
pierreAfeu
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le 14 déc. 2012

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