Le film de Maïwenn oscille. Il évolue sur un fil tendu entre réalité et fiction, entre autobiographie et vrais mensonges, entre documentaire improvisé et scénario délicatement écrit. On ne peut parler du film sans parler d'elle, à la fois réalisatrice et actrice, bordeline dans les deux cas. On a l'impression qu'elle s'improvise dans tout.

Elle explique dans le film vouloir tourner une oeuvre à laquelle personne ne croirait, "que les gens ne me prennent pas au sérieux". Et elle arrive à faire passer ce message tout en révèlant un potientiel énorme avec ce premier film (confirmé avec "Le Bal des Actrices"). Le style de Maïwenn est unique et c'est en cela qu'il est fort. Son cinéma est brut, il est à tout point de vue sincère, profondément, du fond des tripes. On sent que c'est une personne entière qui a des choses à dire, et surtout à faire dire.

Dans "Pardonnez-moi", il s'agit de la famille, de sa famille visiblement, même si, rappellons-le, on ne sait jamais où s'arrête le docu pour laisser place à la fiction. Comédienne un peu en dents de scie, elle garde un pouvoir énorme, un véritable charisme, qu'il soit jugé artificiel ou jusqu'au-boutiste. Elle s'entoure d'un casting doré, avec des paillettes autour et de la chantilly sur le dessus, Pascal Gregory en tête.
C'est l'histoire d'une future maman âgée d'une petite trentaine d'années qui décide de tourner un film sur sa famille afin de faire éclore sur pellicule tous les non-dits, les mensonges et les travers de chacun. Tantôt très agaçante, voire presque sadique, tantôt absolument bouleversante, elle va chercher les uns et les autres dans chacun de leur retranchement. Elle titille, énerve puis frappe. Violemment.

Pour ma part, je suis réellement fan de la scène du déjeuner familial qui, à l'image d'un certains repas de famille dans Festen, destabilise complètement. On ne sait plus s'il faut rire ou pleurer. Les personnages de ce film sont mis dans des situations tellement invraisemblables par la marionnettiste Maïwenn que leurs réactions semblent surréalistes. Mais tout cela paraît pourtant incroyablement vrai et on y croit de bout en bout. On a envie de lui dire d'arrêter que "dans la vie, on ne fait pas ça à sa famille" mais d'un autre côté, il est terriblement jouissif de voir comment chacun s'en sort et accuse le coup.

Il est tout de même assez rare de voir des films si personnels et pourtant si touchants. Au final, tout se mélange et l'on se fiche s'il s'agit de sa vie ou non. Il y a tellement de force dans ce film, de justesse et le désir dévorant de filmer à tout prix qu'il marque comme une claque.

Maïwenn prouve avec ce premier film qu'elle est une sacrée artiste en devenir. Qu'elle ne se calme pas mais qu'elle prenne confiance en son cinéma, et on peut s'attendre à un bel avenir artistique.

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le 19 oct. 2011

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