D'abord, une petite précision, ce film s'appelle "Le crépuscule de la vie", comme ça, au moins, on sait à quoi s'attendre et que ça va pas être jouasse ! Un monsieur, Pierre Rissient, pour ne pas le nommer, a tenté de faire redécouvrir ce film méconnu de McCarey à la fin des 60's, et il s'est sans doute dit qu'un titre un peu plus frais, dynamique, enjoué, optimiste à la limite du truculent ferait mieux l'affaire et se vendrait mieux. "Place aux jeunes" est un titre idiot, stupide et mensonger, que cela soit dit.


Sinon, aujourd'hui, je devais aller voir le dernier Jodie Foster. Oui, je vais souvent plus au cinéma parce que je trouve avec la Prune un horaire convenable que parce que j'ai envie follement d'un film, la création actuelle n'aidant pas. Là, quand même, dans un tel désert, nous étions tombés bien bas, et, ce matin, j'ai cherché à tout prix ce qui pourrait remplacer deux heures de Mel Gibson parlant avec un castor en marionnette...


Et ce fut donc, "Make Way for Tomorrow", film particulièrement improbable et dont je savais juste que Paul l'aimait beaucoup et Scritch beaucoup moins.


Dans ce film de 1937, tourné juste avant "Cette sacré vérité", Leo McCarey raconte l'expropriation de deux petits vieux après 50 ans de mariage et de leurs tentatives pour trouver une solution et une place chez un ou plusieurs de leurs cinq enfants.


C'est un film vraiment étrange, presque naturaliste, dur sans être méchant, n'essayant jamais de mettre la faute de la situation sur quelqu'un, et au milieu de tout cela, c'est quand même un film un peu emmerdant, un film de vieillards qui avance à leur rythme.


Beulah Bondi, qu'on verra plus tard dans "Mr Smith au Sénat", est une vieille très réaliste, à tel point qu'on se demande parfois si elle n'est pas aidée par l'âge. Thomas Mitchell, autre abonné aux Capra, joue ici un fils propre, gentil et veule jusqu'à l'écoeurement, alors que toul le monde sait qu'il doit être suant et crade avec une flasque à la main pour être crédible... L'ensemble donne souvent envie de tuer toute la famille sans distinction pour être enfin un peu tranquille.


Et sinon, la situation de ces deux vieilles âmes séparées après cinquante ans et trop vielles pour le monde dans lequel ils vivent a quelque chose qui peut tout à fait émouvoir.


On en vient à rêver de ce qu'un Capra aurait pu faire d'un tel sujet, et puis on se dit que c'est peut-être cette absence d'artifices, ce côté pénible du film mais aussi son honnêteté, qui respire la bonne volonté autant que la maladresse qui en fait son originalité. Inutile de préciser que ce film n'eut jamais aucun succès.


La dernière partie est tout de même presque riche en rebondissements, et, si vous vous êtes réveillé juste à temps, vous aurez le droit d'apprécier des moments inhabituels, en tout cas, au cinéma.


Touchant et chiant comme une vie de vieux.

Créée

le 6 juin 2011

Modifiée

le 29 sept. 2012

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Torpenn

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