Mexico, Los Angeles, Londres, Hong-Kong ou Paris, aucune différence. Quand les touristes américains arrivent à Paris, ce sont les mêmes grand immeubles froids, gris et cliniques qui surplombent la ville. Le monde de Jacques Tati est désormais plus que moderne, la modernité façon années 60, type HLM. Alors Jacques Tati et ses contemporains avaient du soucis à se faire pour l'avenir craignant trop que cette "modernité" n'avale tout sur son passage. C'est le triste constat que fait Playtime, un portrait percutant des risques de l’ultra-modernité qui touche la France à cette époque.
Playtime est la quintessence de l'oeuvre de Tati, une sorte de film-ultime, un concentré de tous ses grands films pour un ultime chef d'oeuvre absolu. Jamais la mise en scène a été aussi minutieuse et contrôlée au centième près. Pour bien faire, Tati a fait construire sa propre ville afin de pouvoir manier avec aisance toutes les subtilités de sa mise en scène.
Le résultat est bluffant ! Chaque plan regorge d'une quantité d'informations et de gags visuels, tellement qu'on ne peut tous les voir. Tati ne veut plus seulement nous faire rire, même s'il le réussit comme toujours énormément, mais il veut nous interroger sur notre capacité visuelle à voir tout ce qui nous entoure et ainsi renforcer sa réflexion sur la modernité qui offre, elle, toujours plus de choses.
Playtime est un sommet de mise en scène et une leçon magistrale de cinéma. Ici le septième art est exploité sous toutes ses longueurs. Playtime est un film incroyable qu'il faut avoir vu pour comprendre.