Avec Police Python 357, Alain Corneau regarde vers l'Amérique (il s'inspire notamment de l'inspecteur Harry d'Eastwood). Ce polar cruel évoque une francisation du film noir, différente des manières d'un Melville (trop contemplatif et trop tendu vers le sacré) : rugueuse, directe, terne à en devenir poisseuse, pas souple mais volontiers rocambolesque. Yves Montand interprète un commandant de police [Ferrot] victime d'une machination lui faisant porter la mort de son amante ; sa position lui permet d'éviter les chausse-trappes, canaliser les témoignages et autres avancées. De quoi rattraper son retard dans une course aveugle, car il doit déjouer les tours de la hiérarchie, résoudre en secret l'affaire et garder la face en public (ce qui à terme devient compliqué sur le plan littéral).


L'installation est longue, la mécanique déroulée ensuite est efficace. La mise en scène est dynamique, la caméra prise dans l'ambivalence : emphase brute et recul sec. La séance a quelques charmes tristes, comme souvent avec Corneau (Série noire, Crime d'amour). Esthétiquement PP357 se situe entre modernité et vieux mobilier, à tous degrés (et donne un aperçu étendu de l’Île-de-France et du Centre à l'époque). La tension est perceptible mais subtile, en crescendo tout en semblant emmitouflée par une destinée 'pépère' à la main lourde. Le film souffre d'une tendance à mal justifier, présente dès le postulat d'ailleurs. Il répète de petites fautes [de continuité et de congruence] et recoure aux prétextes psychologiques un peu vaseux, mais avec du talent pour les mots et de l'intuition pour la présentation. Signoret est aux avant-postes pour donner du coffre à cette grandiloquence, avec tous ses secrets et ses pratiques morbides, son autorité de marraine arrivée au bout de sa mission.


https://zogarok.wordpress.com/2016/05/31/police-python-357/

Créée

le 30 mai 2016

Critique lue 379 fois

Zogarok

Écrit par

Critique lue 379 fois

D'autres avis sur Police Python 357

Police Python 357
Val_Cancun
7

Le duc d'Orléans

"Police Python 357" n'est que le deuxième long-métrage d'Alain Corneau, et sa première incursion dans le genre du polar : encore en quête de son style propre, le réalisateur inscrit son film dans...

le 27 févr. 2018

18 j'aime

9

Police Python 357
Before-Sunrise
5

Yves s'éprend et Simone s'ignore

La fin des années 70, ce n'est pas ce qu'on a fait de plus beau et de plus photogénique. C'est la fin des Yé-yé, des hippies et des canapés oranges, place au mobilier marronnasse, aux vestes grises...

le 20 mai 2012

18 j'aime

10

Police Python 357
cinemusic
9

Le renouveau du polar français!

Deuxième film d'Alain Corneau et 1er avec Yves Montand qui décida de faire confiance à ce jeune réalisateur comme il l'avait fait auparavant avec Costa Gavras.Et cela se passa très bien puisqu'il...

le 16 oct. 2017

16 j'aime

2

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

49 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2