Et pour un ordinateur tu fais quoi?
Chaque jour, les policiers de la Brigade de Protection des Mineurs de Paris-Nord œuvrent sur des affaires allant du viol à la maltraitance infantile en passant par l'inceste.
En effet, le scénario de "Polisse" est jonché de calvaires subit par des enfants, que ce soit de la part de leur parent, de leur camarade d’école, de leur professeur…
Certains, les moins nombreux, sont admirables, comme la mère malienne qui est prête à abandonner son enfant afin qu'il puisse dormir au chaud sous un toit. La plupart sont abjects: la sous-prolétaire qui masturbe son nourrisson par pure bêtise, l'adolescente qui suce des garçons pour récupérer son téléphone portable, le bourgeois incestueux qui revendique sans gêne son désir pour son enfant et le policier gradé qui défend ce dernier pour obéir aux ordres.
Mais le film se présente finalement comme une suite d’épisodes dont les anecdotes sont destinées à donner du piquant à la vie quotidienne des personnages principaux, qui s’avèrent être les policiers eux-mêmes. En outre, la qualité héroïque de ces fonctionnaires est mise à mal alors qu'ils arborent chacun de multiples travers: Sue Ellen est alcoolique, Fred est infidèle, Iris est anorexique... Le vrai enjeu n'est finalement pas de savoir comment vivront les petits Roms qui ont été soustraits à leurs parents, mais l'issue de la procédure de divorce que Nadine a entamée sur les conseils de sa collègue. D’ailleurs, le sort de cette dernière, seule, aigrie, devient progressivement le vrai sujet du film et les dernières séquences qui mettent en parallèle le mal-être croissant de la jeune femme et les agressions commises sur un petit gymnaste par son entraîneur portent, jusqu'à un paroxysme injustifiable, l'instrumentalisation des enfants pour le scénario et la mise en scène.
Dans "Polisse", il y a une telle obsession de coller à la réalité brute que tout devient transparent et que, paradoxalement, tout sonne faux. Que penser d'un film qui cherche à arracher des larmes avec ces images-là?