Je ne pensais pas aimer autant ce film, car je m'y suis pris à plusieurs reprises pour le voir, n'arrivant pas à passer le début. Un cochon volant en Méditerranée, vraiment ? Mais je dois admettre qu'il y a dans cet opus de Miyazaki une dose de poésie et d'imagination à laquelle il est difficile de résister.
C'est le contexte étonnant qui m' a vraiment scotché: un monde post Première Guerre, où les hydravions sont légion, où les sortilèges vous flanquent une gueule de cochon, et une petite Italie en plein fascisme sous un soleil d'été perpétuel. Les premières minutes sont déroutantes: des pirates de l'air, aussi foutraques qu'incompétents, kidnappent sur un cruiser une colonie de vacances hilare . Heureusement le Cochon Rouge veille au grain et sauve ce petit monde. Oui, c'est aussi bizarre que ça.... Mais si vous passez cet écueil, vous tombez sur une histoire qui s'étoffe, un contexte qui s'explique, une aventure qui fait sourire et qui n'est pas sans accents héroïco-romantiques. Un des personnages devient (littéralement ) une sorte de Errol Flynn hollywoodien, et c'est bien le ton de ce film, un hommage à un certain type d'aventures galantes.
L'aviation est naturellement au centre du film , et j'ai beaucoup aimé la construction de l'avion où une famille entièrement féminine suit les plans de construction d'une jeune fille de 17 ans, nous rappelant cette industrie de guerre qui dut faire sans les hommes, la main d'oeuvre traditionnelle sacrifiée à la barbarie. Le personnage central, débonnaire et légendaire, est énigmatique à souhait, et son idylle platonique renvoie à bien des mystères passés, ce qui donne une bonne profondeur à l'histoire.
On regrettera que le scénario se résolve autour d'un duel peu convaincant dans sa chute avec beaucoup trop de gesticulation énervante, mais d'un autre côté il est bon que le film serve ses vrais clients qui sont les enfants (les vrais et celui qui est encore en nous).
La belle réalisation est pour beaucoup dans le plaisir de visionner ce film, avec ces images aériennes, ces couchers de soleil et cette Italie fantasmée qui donne furieusement envie de partie en vacances. On ne trouve pas ici la force onirique d'autres œuvres de Miyazaki et je trouve que le scénario oscille avec moins de subtilité entre ses niveaux de public qu'un Pixar, mais que de charme, que de charme... Recommandé!