Porco Rosso
7.7
Porco Rosso

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1992)

Je ne pensais pas aimer autant ce film, car je m'y suis pris à plusieurs reprises pour le voir, n'arrivant pas à passer le début. Un cochon volant en Méditerranée, vraiment ? Mais je dois admettre qu'il y a dans cet opus de Miyazaki une dose de poésie et d'imagination à laquelle il est difficile de résister.


C'est le contexte étonnant qui m' a vraiment scotché: un monde post Première Guerre, où les hydravions sont légion, où les sortilèges vous flanquent une gueule de cochon, et une petite Italie en plein fascisme sous un soleil d'été perpétuel. Les premières minutes sont déroutantes: des pirates de l'air, aussi foutraques qu'incompétents, kidnappent sur un cruiser une colonie de vacances hilare . Heureusement le Cochon Rouge veille au grain et sauve ce petit monde. Oui, c'est aussi bizarre que ça.... Mais si vous passez cet écueil, vous tombez sur une histoire qui s'étoffe, un contexte qui s'explique, une aventure qui fait sourire et qui n'est pas sans accents héroïco-romantiques. Un des personnages devient (littéralement ) une sorte de Errol Flynn hollywoodien, et c'est bien le ton de ce film, un hommage à un certain type d'aventures galantes.


L'aviation est naturellement au centre du film , et j'ai beaucoup aimé la construction de l'avion où une famille entièrement féminine suit les plans de construction d'une jeune fille de 17 ans, nous rappelant cette industrie de guerre qui dut faire sans les hommes, la main d'oeuvre traditionnelle sacrifiée à la barbarie. Le personnage central, débonnaire et légendaire, est énigmatique à souhait, et son idylle platonique renvoie à bien des mystères passés, ce qui donne une bonne profondeur à l'histoire.
On regrettera que le scénario se résolve autour d'un duel peu convaincant dans sa chute avec beaucoup trop de gesticulation énervante, mais d'un autre côté il est bon que le film serve ses vrais clients qui sont les enfants (les vrais et celui qui est encore en nous).


La belle réalisation est pour beaucoup dans le plaisir de visionner ce film, avec ces images aériennes, ces couchers de soleil et cette Italie fantasmée qui donne furieusement envie de partie en vacances. On ne trouve pas ici la force onirique d'autres œuvres de Miyazaki et je trouve que le scénario oscille avec moins de subtilité entre ses niveaux de public qu'un Pixar, mais que de charme, que de charme... Recommandé!

nostromo
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 3 juin 2015

Critique lue 367 fois

6 j'aime

5 commentaires

nostromo

Écrit par

Critique lue 367 fois

6
5

D'autres avis sur Porco Rosso

Porco Rosso
Sergent_Pepper
8

« L’espèce humaine n’est pas entièrement foutue ».

Porco Rosso pourrait a priori se voir comme un long métrage qui n’appartient pas à son créateur. Les amoureux de Chihiro, Mononoké et Ponyo ne retrouveront pas la magie, l’univers foisonnant et...

le 4 nov. 2013

148 j'aime

9

Porco Rosso
real_folk_blues
8

Il a la cote, ce porc.

En revoyant Porco Rosso je me suis rendu compte qu'il avait bien plus de qualités que ce que mes souvenirs me laissaient croire. Sûrement l'un des Ghibli les plus romantiques et les plus réussis,...

le 27 avr. 2012

134 j'aime

26

Porco Rosso
SBoisse
10

Guerre cruelle, paix décevante

Cet opus tranche dans l’œuvre du maître. Si l’on y retrouve l’amour de l’aviation, de l’Italie des années trente et nos amis les pirates, il étonne par son romantisme occidental. Le monde animiste et...

le 21 août 2015

79 j'aime

14

Du même critique

The Leftovers
nostromo
4

La Nausée...

Saison 1 seulement ! (Et pour cause!) The Leftovers n'est pas vraiment une série sur la "rapture" chrétienne, ni sur les extra-terrestres ou tout autre concept fumeux... Il y est plutôt question de...

le 29 sept. 2014

36 j'aime

10

Le Tombeau des lucioles
nostromo
10

La guerre, oui, mais d'abord l'enfance...

Quand j'ai vu "Johnny got his gun", je savais très bien à quoi m'attendre. Et ça ne m'a guère aidé... Pour "Le Tombeau des lucioles", je n'avais aucune idée de ce que j'allais voir, et je vois bien...

le 17 avr. 2013

35 j'aime

4