Prometheus par Philippe Quevillart
Tant attendu, tant fantasmé... Le come-back de Ridley Scott dans le genre qui l'a réellement dévoilé, deux œuvres, deux incontourbales. Deux titres : Alien, Blade Runner est le nom de Scott rentrent au panthéon des noms d'auteur d'œuvres fétiches de tout amateur de SF. La découverte de la première bande-annonce donne matière à espérer. Dan O'Bannon à l'écriture, le vétéran Walter Hill à la prod, ils sont de retour. Le souci c'est que tout ce beau monde ne s'est jamais réellement remis du choc Alien, monument claustrophobe qui sait prendre son temps et s'attacher à l'essentiel sans chercher à s'éloigner de son sujet dans des démonstrations vaines. Ce que Prometheus n'est absolument pas !
En effet, le gros reproche que l'on peut faire à Ridley Scott sur ce coup, c'est de ne pas tenir son sujet, comme s'il ne maîtrisait rien et cherchait systématiquement à taper dans l'épate comme pour faire oublier son manque de rigueur. Certes c'est techniquement, très réussi, plutôt bien mis en image, mais quel manque de discernement quand il s'agit d'aborder le sujet de face. Ca part dans tous les sens et finalement on assiste impuissant à un déferlement de scènes non abouties. Un scénario, qui semble plus rafistolé qu'abouti, qui ne sert pas la mise en scène relativement sobre, ce qui semble d'ailleurs une habitude chez le père Scott, personnellement je lui préférerai toujours le frangin Tony, qui lui est capable de mettre du jus et d'embrayer quand il le faut.
Un gros souci d'écriture donc. Les interprètes sont assez « participatifs »... tout ce que l'on peut reprocher à des interprètes d'ailleurs, être là, être de passage... Charlize Theron qui se la joue dame de fer fait doucement marrer, un Guy Pearce que je préfère chez Hillcoat, et ça manque de « gueules », un Ron Perlman ou un Michael Ironside sont toujours bien venus. Seul Michael Fassbender s'en sort dans le rôle de l'androïde féru de savoir. Personnage qui aurait mérité un tout autre développement. Le reste du casting est fait de briques et de brocs et ne dépareillent pas dans le climat général d'une œuvre qui au final semble être un épisode sorti d'une quelconque série, comme ça lâché dans la nature, sans accroches, sans liens, en free-style.
Alors la note de 6 est surévaluée, car Ridley Scott nous faire croire au retour de la SF à la Alien quoi, car tellement d'espoir, car finalement c'est techniquement super bien emballé, l'usage de la 3D a un réel intérêt (seule œuvre depuis Avatar a parvenir à intégrer ce concept comme matière et non comme artifice prompt à attirer le bouffeur de pop-corn...). Au final c'est terriblement décevant, on assiste impuissant à un ratage en bonne et due forme, le concept science-fictionnel est plus proche d'un Paul S.W. Anderson, l'escroc qui a réussi en un film à ruiner deux franchises en les opposant dans son lamentable (Alien vs Predator), ou l'un de ses nouveaux films-concept gameplay qui phagocyte notre « genre » chéri et nous fait regretter un hier pas si lointain... Heu, si quand même... Saleté de temps...