Promets-moi que la suite sera encore meilleure Ridley.

Bien qu’il soit bourré de défauts évidents, je pense que Prometheus ne mérite pas le procès qui lui a été fait lors de sa sortie, j’irai même jusqu’à ajouter qu’il tient largement la route, qu’il est doté de deux ou trois scènes cultes, et que l’ambiance est vraiment prenante. Tout d’abord, il ne faut pas le prendre comme le préquel le plus attendu de ces trente dernières années… ce qui se passe avant Alien, c’est un peu trop lourd à porter. Ridley Scott le savait, et de toute façon, il est évident, au regard de l’histoire qui est portée ici à l’écran, qu’il voulait faire tout autre chose, de radicalement différent. Il s’en fout complètement de montrer ce soi-disant « ce qui s’est passé avant », la preuve en est faite avec ce scénario qui n’a quasiment rien à voir avec son chef-d’œuvre de 1979, et l’ultime clin d’œil de cet Alien préhistorique qui apparait à la fin du film n’est qu’une concession faite à des fanatiques pas assez indulgents et beaucoup trop traditionnalistes à mon goût. (Citation de notre Ridley : "Bien que le point de départ de ce projet ait été Alien, le processus créatif a fait évoluer l'ensemble vers une nouvelle mythologie, vers un nouvel univers, plus vaste (…). Les fans reconnaîtront l'ADN d'Alien, mais les idées développées dans Prometheus sont uniques, vastes et provocantes."

L’humanité, dont l’origine remonte à une expérience extra-terrestre vieille de plusieurs milliers d’années. Fascinant.
L’ambiance froide, souhaitée, est là pour servir le scénario. L’atmosphère de désolation et de solitude qui règne sur la planète a déjà été mise en exergue dans le « 8ème passager » mais ici, il en ressort une couleur particulière de pessimisme et de mort qui élève le film vers d’autres sphères que ses détracteurs n’auraient jamais soupçonnées. On n’est pas sur LV-426, cette planète très chère à nos yeux n’a sans doute été pour les « géniteurs » qu’un lieu idéal pour y enfouir un vaisseau de guerre dans lequel une « pondeuse » y déposera des œufs malsains. C’est tout. On passera sur l’anachronisme qui voudrait qu’une technologie de pointe hautement design ne peut être présente dans un contexte antérieur à celui de l’œuvre initiale. Mais de toute façon, puisqu’on ne se trouve pas réellement dans un préquel-type, (moi-même j’ai du mal à m’en convaincre en fait).

Bon allons-y sur les défauts, j’ai des critiques à faire, mais uniquement sur les personnages et les acteurs. Le visage d’oiseau de Noomi Rapace, avec ce nez en forme de bec, ne peut faire oublier celui de Ripley, mais de toute façon l’actrice n’est pas dupe et n’avait pas la prétention d’en arriver à faire de l’ombre à Weaver. Et puis, après tout, elle se démerde bien la Noomi. Première excroissance au compteur : Logan Marshall-Green. Qui peut se targuer d’avoir un visage aussi plat et un jeu aussi inexpressif qu’agaçant que ce mec qui paraît engoncé dans ce costume d’adolescence éternelle ? Il ferait presque de l’ombre à Sam Worthington. Son personnage est à l’image de tous les seconds rôles présents dans le film, qui ne sont par définition que des sous-produits faisant honte à la profession et au statut de comédien. Guy Pearce ne parvient jamais à faire oublier par son jeu et sa gueule qu’il a un maquillage Leader Price. Ses pastiches discount sont honteuses, de sa fausse calvitie jusqu’à son nez ; tout cela montre que le travail d’orfèvre qui a été effectué sur le visage de Schwarzy dans Terminator 2 ne constitue aujourd’hui que le lointain et triste souvenir d’un artisanat perdu depuis longtemps. Charlize Theron est hélas sous-exploitée mais heureusement, il y a Idris Elba qui n’a même pas besoin de parler, tant ce gars illumine chaque scène de sa présence charismatique. Fassbender a une coiffure impossible de drag-queen et ne fera jamais mieux que l'indépassable Lance Henrikssen, mais bon, il semble s'amuser dans son costume étriqué de cyborg.

Voilà, on se trouve dans un film ingrat, un peu bâtard, doté de bons acteurs, et d’autres moins bons, avec des bonnes et des mauvaises idées, trop d’attente générale, trop de pression, et le concept de préquel réactualisé. Ridley, j'espère que tu me pondra un bel œuf pour la suite de Prometheus, ...il me faut attendre 2015.

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le 1 mars 2014

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Errol 'Gardner

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