L'annonce de Prometheus m'avait laissé pour le moins dubitatif. S'inscrivant dans une tendance lourde d'un cinéma Hollywoodien en manque d'inspiration à recycler de glorieuses licences à grand coup de remake, suites et autres préquelles largement dispensables, Prometheus avait néanmoins comme caution morale le retour aux manettes de Ridley Scott, réalisateur du Alien originel.
Mais d' "Aliens" stricto sensu, il n'en sera finalement que peu question. Prometheus se veut en vérité une réflexion sur l'origine de l'homme. Qui sommes nous ? D'où venons nous ? Où allons nous ? Etc, etc... Ambitieux programme au cours duquel Scott et ses scénaristes se prennent malheureusement un peu les pieds dans le tapis.
Prometheus a pour point de départ la scène d'Alien où une partie de l'équipage du Nostromo découvre et explore un vaisseau extraterrestre. [ http://www.youtube.com/watch?v=eDRLtgr2T9E ] À l'intérieur ils y trouvent une floppée d'oeufs et un humanoïde fossilisé dans son fauteuil, la cage thoracique explosée : le célèbre Space Jockey. La suite on la connaît tous: un oeuf éclot, Kane se fait féconder, ils repartent tous en courant au vaisseau et c'est le début d'une immense saga. Mais quid du Space Jockey ?
C'est donc à cette question que plus personne ne se posait que Ridley Scott a décidé de répondre.
Après un voyage de deux ans, quatre mois, dix-huit jours et des brouettes, durant lequel Michael Fassbender tue le temps en jouant au vélo-basket, l'équipage du Prometheus arrive sur une planète au climat un chouïa hostile. À l'issue d'un petit briefing, où deux chercheurs (Noomi Rapace, Logan Marshall-Green) nous expliquent vite fait que des extraterrestres nous ont filé leur adresse et que du coup ils sont à la recherche d'une preuve irréfutable qu'ils sont nos créateurs, le vaisseau se pose sans encombre pile poil à coté d'une structure à explorer.
L'équipage se compose outre d'un androïde et des deux chercheurs déjà évoqués, d'une représentante de la Weyland Corp. plutôt psycho-rigide incarnée par une Charlize Theron glaciale, d'un biologiste abruti dont le premier réflexe quand il rencontre une forme de vie inconnue est de lui faire des gouzis-gouzis, d'un géologue dont le seul boulot consiste à lancer des scanners sphériques volants en l'air, d'un équipage sympathique mais transparent commandé par le charismatique Idris Elba (acteur décidemment très mal exploité au cinéma.), et de quelques mercenaires totalement inutiles. En gros.
Bref une petite équipe pénètre alors dans la structure, ils découvrent des cadavres de Space Jockey partout, des espèces de tubes qui suintent quand même bizarrement mais visiblement ça ne les affolent pas plus que ça et tout va pouvoir partir en couille normal.
La suite c'est une succession d'incohérences et de scènes plus wateufuk les unes que les autres.
Prometheus, s'il n'est pas un "Alien" à proprement parler, ne cesse de faire référence aux deux premiers épisodes de la saga. La séquence du réveil après un long voyage en cryostase est une constante. On peut également relever la tentative d'insémination de l'héroïne pour ramener un spécimen sur terre, Shaw et Ripley toutes les deux en petite tenue blanche et virginale, et bien sur l'androïde David dont l'interprétation de Fassbender renvoie directement à Ash incarné par Ian Holm. En revanche là où les films Alien présentaient un univers sombre, vétuste, décrépit (le Nostromo tombait régulièrement en panne), Promotheus oppose un univers neuf, clinquant, lumineux, à l'ambiance clinique et aseptisé. Seul Idris Elba, son cigare et son sapin de Noël viennent ternir cette artificialité.
Passons rapidement sur la dimension métaphysique du film. Pourquoi avons-nous été créé ? Par qui ? Dans quel but ? Qu'est-ce que l'âme ? Qu'y a t-il après la mort ? Le niveau de réflexion est à la hauteur d'une copie de lycéen au Bac philo.
En fait ce qui m'a le plus gêné dans Prometheus c'est un réel manque de rythme et des séquences qui s'articulent excessivement mal entre elles. Une des scènes les plus symptomatiques est selon moi celle de l'attaque d'un Fifield contaminé et transformé un machine à tuer surhumaine. À part justifier une scène d'action, comble de l'ironie quasiment illisible, cette scène n'a pas de sens. Dans cet esprit je peux citer également l'auto-césarienne de Noomi Rapace, Weyland grabataire mégalo, passager clandestin en quête d'immortalité (au passage le maquillage de Guy Pearce est grotesque), le fait qu'un Space Jockey est survécu après 2000 ans d'hibernation, enfin sauf si c'est effectivement Jésus, les dates semblent concorder auquel cas ça se tient évidemment, le crash du Prometheus (- Bon les gars voilà pour éviter que le Space Jockey se pointe sur terre avec ses armes biologiques, on va se crasher dans son vaisseau, mais si vous voulez vous pouvez partir hein.
- Non chef on reste, pas de soucis) etc... Je m'arrête là.
L'autre truc qui m'a contrarié concerne le design des Aliens, Giger a t-il récupéré ses droits ? Plus turgescent que jamais, que ce soit l'espèce de serpent rose et visqueux ou l'espèce de monstre tentaculaire de la fin digne d'un Hentaï, ils ne ressemblent à rien.
Enfin last but not least, à la fin du film, le Space Jockey s'installe dans un fauteuil similaire à celui que découvrira bien plus tard l'équipage du Nostromo. Le truc c'est qu'il ne peut pas s'agir de ce Space Jockey ci puisque ce dernier décide de venir faire la peau de l'héroïne, quitte donc son fauteil, se fait violer par une tentacule, et accouche d'un Alien tout moche. Fin. WTF?
Sinon il paraît qu'un projet de Blade Runner 2 est dans les tuyaux. Ridley just don't.