La première étape du projet de Tarantino

On peut dire que Pulp Fiction est l'étape de la maturité, en termes de réalisation, pour Tarantino. L'étape de la maturité narrative arrivera avec Jackie Brown par la suite. Mais Pulp Fiction est intéressant pour le fait qu'il annonce, sous le visage d'un divertissement, tout un projet de réinterprétation de la culture.

On le comprendra plus tard avec Deathproof, mais Tarantino est fasciné par le succès de la culture de série Z, dont il refait de la série A. Le soin des dialogues, des situations, de la bande son, etc., consiste en une réorganisation des origines culturelles de Pulp Fiction (dont le nom est une référence explicite).

Cette réorganisation est une exploration : Tarantino recherche quelque chose, et c'est de savoir pourquoi ces oeuvres ont eu tant de succès pour tant de gens. Qu'ont-elles porté, délivré ? En filigrane, il trouve déjà la réponse dans Pulp Fiction : un pouvoir cathartique, un lieu de défoulement et de contentement de certains désirs de la foule.

Les vies fantasmées et déchirées des personnages tournent toutes autour d'un sentiment de justice ou de destinée qui colle à la personnalité de chacun. Il arrive globalement ce qu'on désire voir arriver. Leur destin est "complet". En fait, ils ont tout simplement un destin.

Cet élément est assez intelligemment mis en valeur par une réalisation qui privilégie des plans en cadrage serré qui parachutent le spectateur au centre d'une action dont il ne connaît rien. Qui parle, quelle est cette conversation... et où va-t-elle ? Le pouvoir de suggestion de cette technique est grand parce qu'on se demande immédiatement, en se l'imaginant, ce qu'il devrait se passer. Et cela se passe : même en étant surpris, la saveur des évènements est toujours juste.

Pulp Fiction est comme une section de musée dans laquelle on se balade, et se retrouve interpellé en se disant "ah ouais dans tel truc y a en fait l'origine de telle chose contemporaine". D'où sa force inhabituelle comparé aux autres films du genre.
IIILazarusIII
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le 10 déc. 2010

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