Pas de doute, Zemeckis est un grand enfant, il l'avait prouvé avec ses délirants " Retour Vers Le Futur ", Who framed Roger Rabbit ? est une confirmation. Du dessin animé jovial et graphiquement bluffant, à la critique du modèle américain et les failles de sa démocratie, Roger Rabbit ravira les petits comme les grands ( la critique commence comme une jaquette de DvD de seconde zone ).



Typique d'un film des années 80, dans le sens où son mode de contestation procède par calquage du contexte du film sur celui des régimes totalitaires, avec une ségrégation raciale ici admirablement imagée. L'opposition ultérieure de la Guerre Froide en serait directement affiliée et, ces époques ayant directement influencé la culture américaine jusqu'à nos jours, trouvent dans Roger Rabbit une résonance à la fois ironique et pamphlétaire. En effet difficile ne pas voir en le Judge Doom et ses fouines, l'incarnation d'une forme de police répressive, type Gestapo, dont le simple nom suffit à effrayer nos gentils toons. Les toons, c'est sans doute par là qu'il fallait commencer tant ils sont l'évidente originalité du film. En effet, le nœud central de l'intrigue est le rapport entre ces derniers et les êtres humains, le pari étant de réussir à les intégrer aussi bien graphiquement que dans le but de pondre un script valable, où peut être alors étendu en seconde lecture une étude loufoque sur la différence entre les deux "races". Et là, prouesse, graphiquement sidérant, génial, épatant, admirable, jouissif... tout adjectif positif semble concorder, tant le film remplit tout le barème sur lequel on pouvait l'attendre. Oui, la réussite de l'animation permet après un jeu formidable au niveau du scénario, parfaitement adapté à la volonté référentielle d'un film se voulant porteur d'un hommage : trous noirs transportables, pistolet à balles vivantes, marteau-punch... ainsi qu'une ribambelle de toons qu'on est ravi de voir ou revoir ainsi mis en lumière et à l'honneur !


Il y a dans ce film une intelligence vraiment épatante, avoir réussit à établir les différents niveaux de lectures tout en réservant à chacun d'eux son propre fil conducteur et sa propre morale. Ainsi la fin du film ne sera pas vu de la même façon par l'enfant de dix ans ou le professeur d'histoire, mais chacun d'eux y trouvera sens et morale. En somme, parfait, accrocheur, bout-en-train et parcouru d'une bonne humeur de tout les instants, Roger Rabbit est un film dont on aurait tord de se passer, ne serait ce que pour son énergie novatrice et moderne qui paradoxalement ne fait que renforcer la profonde nostalgie qui l'anime.
Heisenberg
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le 20 juil. 2011

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