Rebelle
6.3
Rebelle

Long-métrage d'animation de Mark Andrews, Brenda Chapman et Steve Purcell (2012)

Dans un élan d'intellectualisme sensible, j'aimerais sous-titrer le nouveau Pixar de la façon suivante : "Rebelle : histoire d'une putain faussement morale".

Car c'est bel et bien de prostitution qu'il est question ici, à tous les niveaux : quand les parents essaient de maquer la gamine avec le fils d'un chef de clan, déjà, mais surtout quand Pixar accepte de lever le kilt et se faire sodomiser par le géant Disney. Dès le départ, la princesse, l'époque médiévale, le côté humain, tout ça laissait présager après un Cars 2 déjà très (trop) cartoon disneyien, un retour aux "sources" de la part de Pixar qui sentait bon le furet. L'ajout de l'utilisation de chansons, d'une morale conservatrice et d'une décomposition en en deux groupes des héros (les principaux, sérieux, et les secondaires, cartoonesques) finit hélas de confirmer l'appréhension initiale : Pixar est désormais dans la lignée de ce que fai(sai)t Disney. L'approche "pied de nez" de takeshi29 (ici : http://www.senscritique.com/film/Rebelle/critique/14518495) n'est pas inintéressante, mais elle sous-estime l'influence de Disney dans le script même de Rebelle : la princesse farouche existe quand même depuis 1989 avec La petite sirène mais, en outre, le côté "ours" date lui aussi de 2003 avec Frère des ours, qui reprend grosso modo les mêmes ingrédients. Oui, Pixar qui souffrait déjà d'un manque de souffle imaginatif (Toy Story 3, Cars 2, Monstres & Cie 2 à venir) en vient carrément aujourd'hui à reprendre des recettes qui ont certes fait leurs preuves mais qui sont très loin d'être audacieuses en 2012. Sans compter que le scénario aime à proposer des pistes sans jamais les explorer ou, pire, les justifier (de la sorcière useless au retour à la forme humaine des oursons...).

En outre, s'il ne s'agissait que de ça, bon, admettons, y aurait pas mort d'homme, ce serait un gros coup de mou mais ça passerait quand même. Là où la goutte fait éclater le vase sous la pression, c'est dans cette morale à deux balles faussement libertaire ("suit ta voie et ça ira") pour rentrer limite dans les ordres ("ouais enfin suit ta voie en écoutant ta mère, sale catin"). Et que la mère accepte, in fine, d'écouter sa fille n'occulte pas tout le laïus post-pubère de la dite Merida, aussi rebelle qu'un Lorenzo Lamas en vélo à quatre roues.

Et tout cela fout légèrement la haine car Rebelle est aussi, paradoxalement, une nouvelle preuve éclatante de la domination visuelle de Pixar : jamais dans l'animation numérique les animaux n'auront semblé si réels (de la texture de leurs fourrures au brutal combat d'ours), et le soin apporté aux décors (la forêt en particulier) ne peut laisser que pantois. Même si, à côté de ça, ils sont toujours pas foutus de dessiner des doigts humains correctement...

Un Pixar en demi-teinte, d'où une demi-note, qui pourra plaire au public cible des enfants (les personnages secondaires sont sympas, surtout les 3 morveux et le roi) mais qui ne rentrera en rien dans la légende de Pixar. À moins que ce ne soit en termes de raté à éviter de refaire. Après tout, une légende est toujours emprunte de vérité.
Cinemaniaque
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le 23 août 2012

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