Rocky par Francis Janvier
Rocky c'est un film essentiel, un grand film, percutant et sublime sans être exempt de défauts. Et voici pourquoi. Sylvester Stallone est un acteur de merde, tout le monde le sait, même lui, mais il réussit à être parfait dans le rôle de Rocky, parce que Rocky c'est lui, il ne le joue pas, il l'est, avec tout ce que ça implique d'inexpressivité, de mimiques débiles, d'attitude de loser un peu con mais totalement sincère et débordant de volonté, de désir de se prouver aux autres et à lui-même. Rocky c'est l'un des personnages les plus bouleversants du cinéma, parce qu'il représente l'illusion du rêve américain, la tragédie du prolétariat et le dépassement de soi. Stallone a écrit le scénario en faisant de la saga Rocky une allégorie de son propre parcours en tant qu'acteur, dont la carrière est passée de total inconnu sans expérience à superstar grâce au premier volet, et c'est grâce à ça que ça fonctionne si bien, parce que c'est sincère et réaliste, et que le courage, l'acharnement de Rocky, est magnifique. En définitive, Rocky est un film de boxe qui n'en est pas vraiment un, parce qu'il se concentre sur le drame, sur l'humain et sur des thématiques profondément universelles. Et c'est ça qui est beau.