Palme d'or à Cannes, Rosetta est un film particulier, dont la forme et l'histoire ne plaira pas à tout le monde.
Tout d'abord les réalisateurs ont choisi de filmer leur héroïne avec une caméra à l'épaule, peut-être par souci de réalisme. Cela donne un rendu assez moyen, le début étant vraiment peu lisible avec ces personnages qui bougent beaucoup, mais cela s'améliore par la suite.
En ce qui concerne le parcours de Rosetta, il est extrêmement dur mais montré sans misérabilisme. Elle ne se lamente pas sur son sort, se bat pour trouver un travail stable et aider sa mère alcoolique, qu'il faut surveiller comme on surveille un bébé. Il est intéressant de montrer des gens réellement pauvres (les deux femmes vivent dans une caravane) qui se heurtent à l'impossibilité de trouver un travail, et ce malgré toute la volonté qu'elles peuvent y mettre. Le film dégage un grand sentiment d'injustice, d'autant plus que Rosetta devra subir la tentation du vol, du travail au noir et de la délation. Elle finira par céder à l'une des trois, et on comprend parfaitement son geste puisqu'on a vu tout ce qu'elle a vécu.
Le film présente beaucoup d'idées de mise en scènes (les clients de la baraque à gauffre) et est servi d'excellents acteurs : Émilie Dequenne crève l'écran tant son personnage est fort et son jeu juste.
Contrairement à ce qu'il pourrait laisser penser, Rosetta n'est pas un film déprimant, il montre au contraire tout l'espoir de cette jeune fille qui veut s'en sortir.