Le Magicien d'Oz par David Lynch
Alors que David Lynch est à la tête de l’excellente Twin Peaks sur ABC, qui passionne les téléspectateurs, il décide d’aller sa propre version du Magicien d’Oz avec la romance de Sailor Ripley et Lula Fortune.
On n’échappe pas à toute la symbolique de l’œuvre de David Lynch, avec ce film qui fut élu Palme d’Or 1990, mais il se trouve que si on enlève Elephant Man et Dune (et encore, pour le dernier), Sailor & Lula est de très loin le film plus accessible, à cette époque, de la filmographie encore courte du roi de l’étrange. Et encore une fois, David Lynch parvient à insérer une atmosphère qui mettrait mal à l’aise même le plus psychopathe des spectateurs. Le film commence sur Nicolas Cage qui passe à tabac un truand dans une violence extrême, qui rappelle l’envolée gore de Blue Velvet en fin de métrage, avant que Diane Ladd se colore le visage au rouge à lèvres. Tout un programme. Et pourtant, comme d’habitude, Mr. Lynch parvient à mêler tout ça avec une facilité déconcertante et un humour dévastateur (ce qui a valu au film d’être nominé par l’AFI aux 100 films les plus drôles de l’histoire, ce qui est carrément exagéré, soyons honnêtes), tout en croquant des personnages uniques, comme le psychopathe Bobby Peru (très éloigné de Frank Booth, le psychopathe de Blue Velvet) ou l’incroyable Sailor Ripley, grand fan de speed métal. Le génie s’offre même une scène exceptionnellement triste et marquante, avec l’apparition de Sherilyn Fenn dans le rôle d’une accidentée de la route, qui restera dans les têtes longtemps après vision du film tant la scène est déchirante et évocatrice pour les téléspectateurs qui regardaient Twin Peaks en même temps.
Sailor & Lula mérite sa Palme d’Or, de par la complexité du récit et la qualité de la mise en scène de David Lynch, qui parvient à mettre au diapason toute son équipe. Un très grand film.