Cavale rock n’roll au royaume du magicien d’Oz

(...) Adapté du roman de Barry Gifford Wild at heart: the story of Sailor and Lula, le film nous conte la virée sombre et violente d’un jeune couple passionné, Sailor Ripley et Lula Fortune, vivant d’amour et d’eau fraîche et fuyant un monde tordu et hostile, à travers les routes américaines du désert jusqu’à la Nouvelle Orléans. L’amour triomphera-t-il du mal ?
Dès l’ouverture du film sous forme d’un passage à tabac et de cervelle éclatée contre le mur, Lynch donne le ton. Cette histoire d’amour fou et pur entre le bad-boy au cœur tendre interprété par un Nicolas Cage inspiré, un cœur sauvage, fan de Lewis et à l’inoubliable veste en peau de serpent, et la copine sensuelle et souvent dévêtue, à la fois pleine de tourments et de grandeurs, campée par la sublime Laura Dern, ne sera pas une romance douce et tranquille, mais se déroulera, comme souvent chez le réalisateur, dans une Amérique de névrosés et de tarés en tout genre, hypersexuels et fascinés par la mort. Malgré un pitch simple, Lynch à travers cette romance aux résonances shakespeariennes revisite à sa sauce le monde du Magicien d’Oz de Fleming. Sailor et Lula marchent inconsciemment sur la route aux briques jaunes tout en rencontrant les différentes créatures du Pays d’Oz. Et elles ne sont pas gentilles, loin s’en faut !
(...) Mais voilà, un Lynch compréhensible est-ce compréhensible ? Le réalisateur se serait-il assagi depuis Blue Velvet ? Aurait-il cédé à la tentation du film commercial grand public et plus rationnel? Si ce film est un des plus accessibles de la filmographie de l’auteur, on est encore loin de l’onirisme surréaliste de Lost Highway ou de Mulholland Drive. Les amateurs de Lynch peuvent être légèrement déçus par cette romance endiablée, mais trop sage, qui n’atteint pas la hauteur de True Romance de Tony Scott ou encore de Tueurs nés d’Oliver Stone, (plus tard il est vrai), et qui traine un peu en longueur dans la seconde heure du film. Ils savent que Lynch a fait mieux et fera bien mieux encore dans son approche expérimentale et psychédélique. Ils ressentent déjà les prémisses de Twin Peaks au niveau de l’ambiance et de la bande-son. Sailor et Lula est un beau film mais inégal, qui constitue néanmoins une porte d’entrée idéale dans la filmographie de l’auteur. A voir ou revoir en VO absolument.
Chris_Art
6
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le 28 juil. 2014

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Chris_Art

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