Périlleux exercice que celui du premier long métrage : partagé entre excitation et arrogance, l'envie de faire dans l'esbroufe n'est jamais loin et la maîtrise n'est pas toujours acquise. Grosse surprise que ce Blood simple du coup, qui s'amuse à mélanger les genres, vise l'épure et s'avère au final une petite claque cinématographique !
Car les Coen n'ont, au final que 30 et 27 ans au moment du film, et une petite expérience (certainement profitable) sur le montage d'Evil Dead de Sam Raimi. Par conséquent, parvenir à mixer aussi élégamment et - surtout ! - intelligemment le film noir et le film d'horreur est admirable. Bien sûr, il y a quelques coups de mou, un casting sympa mais pas transcendant et quelques coins obscurs dans l'élaboration du scénario, mais qu'importe : le basculement d'un genre vers l'autre, sans jamais perdre de vue l'humour noir qui leur sied si bien, est la grande force du film.
Car si le maniérisme un peu irritant est excusable (ça reste un premier film bon sang), il est surtout agréable de voir le vrai fil conducteur du cinéma des Coen déjà se dérouler aux débuts : un amour sincère et presque viscéral d'un certain âge d'or du cinéma hollywoodien, une passion du cinéma de genre qu'ils aiment revisiter à leur façon, à la fois en respectant les codes et, bien sûr, en s'en amusant un peu. Pas un chef-d'oeuvre, loin de là, mais un exemple à suivre pour les apprentis cinéastes.