Saturn 3
5.2
Saturn 3

Film de Stanley Donen (1980)

Saturn 3 est un film de science-fiction britannique réalisé en 1980 par le cinéaste américain Stanley Donen.


Avec une filmographie regroupant à peu près une trentaine de films, Stanley Donen a profondément marqué l'industrie du cinéma américain, surtout dans le domaine des comédies musicales. C'est notamment lui qui a réalisé le très célèbre Singing in the Rain en 1952, sous la houlette du producteur Arthur Freed de la Metro Goldwyn Mayer.


À présent, si l'on revient vers Saturn 3, il est intéressant de noter un détail amusant : à la base, Donen ne devait absolument pas le réaliser. En effet, la tâche incombait au chef décorateur John Barry qui a travaillé sur Star Wars : Épisode IV - Un nouvel espoir ou sur la première adaptation live des aventures de Superman. Mais suite à des divergences artistiques avec la production, il fut rapidement évincé du projet.


Dans un futur lointain, au fin fond de notre galaxie, une station de recherche est chargée d'exploiter les ressources de Saturne pour assurer la survie de la race humaine. Dirigées par deux savants agronomes, Adam et Axelle, les opérations se déroulent sans accrocs jusqu'à l'arrivée du militaire Benson, très attiré physiquement par la demoiselle.
Si sur Terre un nouveau modèle de société a émergé des cendres de l'ancien, lequel est basé sur un faisceau de valeurs exagérément libertaires, notamment en ce qui concerne les interactions sociales et donc les relations amoureuses, sur la station les mœurs sont plus traditionnels. Par conséquent, Adam n'apprécie guère le comportement cavalier de Benson envers son épouse, jusqu'à en venir aux mains. Néanmoins, Benson possède un avantage non-négligeable dans sa lutte pour le pouvoir (puisque le contrôle de la station est aussi un enjeu du scénario) : un robot à demi-organique baptisé Hector qui lui obéit au doigt et à l’œil... Mais pas pour longtemps. Saturn 3 s'achèvera finalement en un Alien-like un peu raté.


Souvent abaissé au rang de navet ou élevé, à contrario, à celui de nanar, Saturn 3 est une œuvre assez médiocre mais pas mauvaise. Space opéra du pauvre, juste reflet des années 70, elle fait montre d'une naïveté touchante, héritage laissé par la vision chamarrée et manichéenne d'un rétro-futur à la sauce raygun-gothic. Preuve à l'appui, les acteurs qui cabotinent sans aucune retenue, la pléthore de références qu'elle tend à nous faire avaler, sans même se soucier de savoir si cela demeure digeste ou pas, et bien sûr, Hector, le clou du spectacle, dont la carrière a absolument tout à envier à celle de Robby le robot, apparu pour la première fois dans Planète Interdite en 1956.
Cependant, ses nombreux défauts font paradoxalement tout son charme.
Malgré une imagerie datée mais pour le moins sympathique, bardée de clins d’œil à Alien, Star Wars ou encore 2001, L'Odyssée de l'Espace, reconnus comme étant des classiques du genre, le film tient relativement la route. Il contient quelques idées scénaristiques assez réussies (faisant de Saturne un dernier espoir pour l'humanité de trouver des ressources naturelles et de l'antagoniste, qui prend exemple sur l'indiscipline des humains, à demi-organique), une plastique générale qui l'est tout autant ainsi qu'un prestigieux bien qu'improbable casting, il faut bien le reconnaître : Harvey Keitel, Kirk Douglas et Farrah Fawcet.


Aussi, Saturn 3 rappellera aux plus cinéphiles d'entre-vous le non moins nanardesque Hardware qui, bien que sorti la décennie suivante, peut être considéré comme son pendant post-apo-darko-cyberpunk. Affaire à suivre.


En résumé de cette farandoles d'informations, Saturn 3 vous fera peut-être regretter (pendant 1h27) le temps d'une science-fiction plus organique malgré ses allures de nanar au casting pour le moins surprenant. Quant au robot, il ne fait jamais peur ni preuve d'intelligence, à l'exception de quelques rares moments, et son design me laisse complètement de marbre. En revanche, force est de constater qu'il représente la principale attraction du film. Et si en visionnant ce dernier vous n'avez pas votre dose de robots-tueurs, n’hésitez pas à vous tourner vers Hardware, dans le même genre.


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AnarchikHead
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le 26 nov. 2015

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