Ben & Chong : la beuh meilleure que de la beuh

Ben et Chong savent bien que la vie n'est pas toujours fair. Au début à l'école : not fair. Alors Ben se tourne vers la botanique et Chong vers l'armée pour fabriquer le meilleur cannabis du monde, venu d'Afghanistan. Mais la chef d'un cartel mexicain décide de s’intéresser à leur production et, à défaut de meilleurs arguments commerciaux, kidnappe la copine des deux agriculteurs. Vraiment not fair.

On avait laissé Oliver Stone sur une décennie plutôt médiocre, des plaines de la Macédoine à Wall Street, en passant par les ruines fumantes du World Trade Center. Quel plaisir de le voir débuter cette nouvelle décade sur un film coup de poing, violent et stylisé, dans la lignée de son Tueurs-nés, le côté halluciné en moins. On retrouve en effet le metteur en scène au meilleur de sa forme dans cette adaptation du roman de Don Winslow. Toujours aussi pêchue, sa mise en scène nous plonge au coeur de cette guerre opposant un cartel mexicain à un trio de jeunes agriculteurs, le tout orchestré par une police évidemment corrompue.

Sans tomber dans les excès que certains pouvaient lui reprocher sur Tueurs-nés ou même L'Enfer du dimanche, Stone n'assagit pourtant pas son style, se permettant même quelques plans hallucinés, à grand coup de filtres verdâtres d'un effet parfois discutable. Il sublime ainsi un scénario qu'on pourrait qualifier de trop sage, sans grandes surprises ni retournement final, instillant une tension à couper au couteau tout au long des deux heures de film. Alternant avec joie ultra-violence et second degré, le réalisateur signe là sa meilleure oeuvre en plus de dix ans, malgré une fin convenue et ayant tendance à traîner en longueur.

A déconseiller aux âmes sensibles, ce nouvel Oliver Stone renoue avec la veine des films cultes des années 80 et 90, lorsque le réalisateur était au sommet de son talent. Sans atteindre la force et l'impact de ces dernières, Savages signe le retour de Stone aux affaires sérieuses. Vivement le prochain...