Du bonheur en gros pixels

Adaptation d'un comic culte, bourrée de références oldschool (jeux vidéo, mangas, comics...), et offerte par un réalisateur atypique (Spaced, Shaun of the Dead, Hot Fuzz...) : le ton était donné avant même de voir débarquer les premières affiches en France.

Au final tout est assumé, et pas qu'un peu : par de nombreux clins d'œil, peut-être trop appuyés par moments (musiques et bruitages tirés de jeux célèbres, vocabulaire geekesque, et surcouche de gros pixels), mais surtout par une ambiance générale bien particulière, un ton assez désabusé, un humour à froid, absurde, tour à tour noir ou orange fluo. Bref c'est un film geek (à défaut de trouver un meilleur terme), pas seulement par ses références mais par son attitude même. C'est le film maigrichon et à lunettes qui bouquine, joue à la console et rêve d'une copine à cheveux roses, pendant que les autres longs métrages sont en cours de sport.

Et ça fonctionne! C'est même jouissif, en particulier lors des combats totalement surréalistes avec les "ex maléfiques". Certains dialogues valent leur pesant d'or.

Certes le film paraitra incompréhensible voire creux à tout spectateur hermétique à cette "culture" qui n'en est pas une, à tout ce qui touche de près ou de loin ce terme fourre-tout de "geek", et, certainement aussi à tous ceux qui ont attendu les années 2000 pour le découvrir. Étrangement, ce sont peut-être ces derniers qui seront les plus déçus.

Les autres, ceux qui ont grandi en 8 et en 16 bits, pour qui la 3D est un concept bizarre, et pour qui griffonner des dessins en noir et blanc à la marge de la pellicule est forcément cool... Ceux-là seront en terrain connu, ami, et c'est suffisamment rare pour l'apprécier.

Enfin, à tous ceux qui ne comprendront pas ce film, ou qui voudront lui lancer des cailloux, à lui et à tout ce qu'il vénère : tant pis, laissez-nous aimer nos trucs de geeks, et arrêtez de les reprendre pour essayer de les rendre hype.

Pour les autres, longue vie à Scott Pilgrim.