Scream 3
4.9
Scream 3

Film de Wes Craven (2000)

Attention, je vais parler ici des 4 Scream et je vais spoiler donc mon avis s'adresse à ceux qui ont vu les 4 (ou aux curieux).


Un film de Wes Craven avec Neve Campbell, David Arquette. Casey Becker, une belle adolescente, est seule dans la maison familiale. Elle s'apprête à regarder un film d'horreur, mais le téléphone sonne...


Ca faisait longtemps que je n'avais pas écrit une critique. Et aujourd'hui, je vais m'attarder sur Scream. Pas un Scream en particuliers mais TOUS les Scream, la quadrilogie complète. Y a du taff, et donc de la lecture. Je sais que ça n'intéressera que peu d'entre vous, mais à ce peu là, je vous dis d'avance, merci de me lire !


Déjà, je replace le contexte. J'ai découvert Scream, j'étais adolescent, en 1996 ou 1997, à sa sortie. Un film fun, entre l'horreur, le gore et le thriller. Puis Scream 2, dans la foulée. Même délire, on "change les règles" pour reprendre les mêmes. Puis j'ai grandi… Scream 3, dans les années 2000… c'était du déjà-vu, on prends les mêmes, on recommence… on se demande limite comment notre chère Sydney Prescott a le courage d'y retourner…
Puis 10 ans plus tard, Scream 4. Et là…


Je dois tout reprendre depuis le début. En 12 ans, je n'ai pas grandi, j'ai mûri. Enfin, j'ai grandi un peu (et mûri sans doute moins que ce que j'affirme), mais j'ai surtout agrandi ma culture cinématographique. J'ai découvert tout un pan du 7ème art où à une époque pas si lointaine, les films d'horreur / épouvante étaient ce qu'il y avait de plus inventif, de plus constructif. Aussi bien au niveau des effets spéciaux que des scénarios les plus tordus possibles, afin de faire frissonner le spectateur jusqu'au bout. Ca n'est pas pour rien qu'à partir des années 2000, Hollywood s'est mis à remaker tous les films d'horreurs qui leurs passaient sous la main et entre tous les mauvais remakes, certaines bonnes choses se sont dégagées (le fun Piranha 3D de Alexandre Aja, auteur de Haute Tension, The Descent, qui n'est pas un remake mais réussi son pari haut la main ou encore Saw, là encore, ça n'est pas un remake et on est à peine dans le film d'horreur mais c'est inventif -je ne parle bien sur pas de toutes les suites immondes portées par le bien-nommé Bouseman-). Mais je m'éloigne du sujet...


Je pense avoir commencer mon éducation comme il se doit, avec Psychose de Hitchcock, ou aussi les oiseaux. Il pose les premières bases, mais je pense que c'est Romero et sa trilogie des mort-vivants qui cimente ces bases. Au delà du film d'horreur, on peut y voir un second niveau de lecture, une critique de la société à l'époque où il fait le film. On est au niveau de Wall-E en terme de transparence : pas besoin d'être cinéphile ou même d'avoir tous ses neurones connectés pour comprendre qu'au delà du robot qui danse, il y a une critique de la société de consommation. Et bien, c'est pareil dans les Romero. Je pense notamment à la scène choc (je vais spoiler mais ne dirai pas lequel afin de laisser tout de même la surprise) où un black s'en sort indemne mais les flics ne cherchent même pas à savoir si il est contaminé ou pas, ils tirent ! Sous-entendu parce qu'il est black !


Bon, je continue de m'éloigner de Scream me direz-vous, mais au contraire. C'est là que j'ai découvert Wes Craven et Kevin Williamson, ou plutôt qui ils étaient vraiment.


Le premier a réalisé la dernière maison sur la gauche, la colline a des yeux (remake par la suite !), la créature du marais. Il a donné vie (si j'ose dire) à Freddy Kruegger dans les Griffes de la nuit… Excusez du peu ! Mais entre 1972 et 1985 environ, il a quand même sorti quelques classiques. Puis il a entamé une période de redite (la colline a des yeux 2, Freddy 7, et d'autres nanars qui ne méritent pas d'être cités selon moi…). Il s'est lui-même enfermé dans un marasme créatif et s'auto-parodiait malgré lui.
Le second a commencé par vendre Scream à Miramax. Donc avant-ça, rien du tout… Et cette version de Scream était…. un film d'horreur !


Mais Wes Craven a bien compris où il en était dans sa carrière dans sa carrière et plutôt que de s'auto-parodier malgré-lui, il a décidé d'utiliser les codes du film d'horreur qu'il a contribué à mettre en place pour se parodier explicitement. Et il a vu en Scream le moyen de le faire. C'est là qu'est le coup de génie qui a fait le succès des Scream. Chacun n'est autre qu'une parodie de film d'horreur traitée sur un ton plus ou moins sérieux.


Pour bien comprendre comment il a fait son coup, il va falloir que je fasse ce que je voulais éviter : que je parle des 4 Scream un peu de manière unitaire.


Le premier, ça n'est pas bien difficile. Il prend tous les codes du cinéma d'horreur de l'époque pour s'en moquer (au travers de son scénario mais aussi de manière très explicite au travers du personnage de Matthew Lillard, étudiant en cinéma et donc spécialisé dans les films d'horreur, qui énonce clairement ce qui est censé attendre les personnages).


Dans le second, c'est un peu plus complexe. Il a déjà fait le coup avec le 1 donc ne pouvait pas recommencer tel quel : il ne se moque donc pas des films d'horreurs d'autant mais de son propre film Scream, au travers de Stab qui n'est rien d'autre qu'une superbe mise en abime. Par un tour de magie scénaristique pas bien compliqué, il fait énuméré au personnage de Matthew Lillard tout ce qui est censé se passer dans une bonne suite et donc se complet par la suite à surprendre le spectateur en se moquant à nouveau de lui-même.


Pour le 3, c'est un peu plus complexe. Je pense d'ailleurs que c'est parce qu'il est sorti trop tôt, sans doute sous la pression du studio (qui ont bien gagné avec Scream 1 et 2) et il a donc continué son tour de passe-passe du 2 : la mise en abime de Stab. Sauf que cette fois, on est sur le tournage de Stab 3 (tiens, comme Scream 3, alors qu'il aurait pu choisir Stab 2) et pour mettre en valeur cette mise en abime, on se retrouve carrément sur le plateau de Stab 3. C'est l'envers du décors ! Il montre lui-même comment on fait un film d'horreur et chaque personnage a son reflet en tant qu'acteur. Même-lui, en tant que réalisateur, a son reflet sous les traits de Scott Folay (alias Roman Bridger, réalisateur de Stab 3). Je ne spoilerai pas la fin, mais beaucoup ont trouvé que c'était du grand n'importe quoi, du genre Deus Ex Machina, alors que sachant ça, je trouve que tout est parfaitement logique.


Et enfin, le 4. 10 ans plus tard. Les choses ont changées et il a su faire jouer ces 10 ans à son avantage. Tous ces remakes de films sont brillamment énumérés par Hayden Panetierre dans une scène pour bien faire comprendre qu'aujourd'hui les jeunes en sont gavés (il fait d'autant mieux passer le message que Hayden Panettiere joue un personnage à l'oppposé de Matthew Lillard, qui n'est pas comme dans le 1 une étudiante de cinéma mais une jeune étudiante blonde lambda loin de l'image geek qu'avait le personnage de Matthew Lillard). Ils connaissent tous les trucs, tous les coups fourrés. Pire que ça, ils sont tous connectés : facebook, twitter, webcam portative, tout y passe et plus rien ne les surprend. Toujours dans l'optique de parodier toute cette décennie de remakes plus ou moins bancaux mais qui ont conditionné cette nouvelle génération à courir au moindre bruit et non plus à se séparer pour aller ouvrir la porte, il la confronte à l'ancienne génération. Et c'est ce choc générationel qui est à l'origine de la situation comique du film.


Voilà. Vous remarquerez que dans tout ça, je n'ai pas mentionné une seule fois le nom du tueur : Ghostface. Je pense pouvoir dire sans spoiler qu'il est un personnage différent dans chaque version, mais il est une personne à part entière dans la quadrilogie et n'est rien d'autre que le marteau qui enfonce le clou sur l'idée que tous ces films ne sont que des comédies. Il est le pendant comique de tous les boggeymen à travers les générations. Il est d'une maladresse incroyable, à se prendre la moindre marche, le moindre tapis qui traine… il passe plus de temps à terre que debout… il a des mimiques franchement amusante (enfin, difficile pour un masque, mais lorsqu'il est face à une situation cocasse, il penche la tête systématiquement sur le côté, d'un air amusé et comme si il ne comprenait pas bien ce qu'il se passe). Et surtout, comme tout bon film d'horreur qui se respecte, il se relève toujours une dernière fois à la fin… puis parfois une autre dernière…


En conclusion, je peux dire que j'adore les films d'horreur. Pas les remakes à 2 balles d'aujourd'hui, mais je parle bien des réalisateurs tels que Hitchcock, Romero, Argento, Williamson, et quelques rares jeunes créatifs du moment (je pense à Alexandre Aja, James Wan et Neil Marshall, bien souvent pour un film voir 2 mais qui ont peut-être encore beaucoup à donner à l'avenir). Et c'est pour cet amour des films d'horreur que selon moi, les Scream sont des perles. Ils sont le pendant sérieux des comédies des ZAZ, et ont eux-même été parodiés dans des films type Scary movie et autre.


Mais pour être apprécié et compris (ça n'est pas prétentieux, ça n'est que mon avis, et puis c'est ma critique d'abord, et toc !), ils doivent déjà être vu eux-mêmes comme des comédies et avec le bagage cinématographique qui va bien au niveau films d'horreur. Là-aussi, ne voyez aucune prétention dans mes propos du genre moi je m'y connais, j'explique juste comment je suis passé d'un adolescent de 14-16 ans qui a vu des films d'horreur à un adulescent qui voit aujourd'hui des comédies.


Si vous êtes arrivés jusqu'ici, alors je ne peux que renouveler mes remerciements, et vous encourager à me dire ce que vous pensez de tout ça (que vous pensiez que je sois dans le vrai ou que je sois passé à côté : toute critique, positive ou négative, est constructive).

Créée

le 2 oct. 2015

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