Voila bien longtemps que Scorsese ne m'avait pas emballé et convaincu à ce point et en prime avec un film aussi tordu, zarbi et "malade" que celui là.

Une imparable perfection: La mise en scène est à la fois si virtuose qu'elle peut se permettre les plus belles folies et retomber chaque fois sur ses pattes et parallèlement elle nous entraîne (sans vraiment nous laisser le temps de contempler) dans un récit si haletant qu'elle fait oublier son incroyable génie pour nous embarquer totalement au coté des personnages, sans faire jamais un étalage outrancier de son talent.

On ne ressent que peu, ici, cette esbroufe que j'ai parfois pu reprocher au cinéma de Scorsese qui semble souvent se regarder le zizi pour se préparer au grand concours de bite des cinéastes géniaux.

Le film est absolument dément et parfait, certes, mais il est aussi palpitant que pouvait l'être Les Infiltrés, avec lequel il partage un vrai gout pour l'humain et ses labyrinthes mentaux mais aussi avec l'un des plus grands films de John Carpenter "L'antre de la folie", avec lequel il partage ce talent extraordinaire pour les décrochages narratifs et cette immersion de plus en plus étouffante au cœur même de la folie.

Cet immense film barge, paranoïaque et archi-complexe dans sa forme n'oublie jamais d'être tout simplement un film, à échelle humaine bien qu'à degré de lecture multiple, un vrai film à suspense, un "divertissement" d'apparence mainstream et qu'il s'ouvre ainsi en grands les portes du génie. de quoi rendre jaloux bien des grands cinéastes morts ou vifs, Hitchcock ou Kubrick en tête (non, je n'ai pas peur de lâcher les chiens ^^)
On est bien loin ici de la froideur un poil conceptuelle qui faisait parfois la limite de The Ghost Writer, malgré le génie de sa mise en scène et Scorsese réalise sans doute là un de ses plus grands chefs d'oeuvre, alliant à la fois la puissance et la complexité de sa mise en scène à un vrai récit romanesque et reste un des plus grands films de 2010.
Avec un Leonardo Di Caprio lui aussi vraiment génial dans un très très grand rôle à sa dé-mesure, une fois de plus.

Et un Scorsese qui revient enfin à sa juste place et à son plus haut niveau !

Créée

le 11 août 2014

Critique lue 449 fois

3 j'aime

Foxart

Écrit par

Critique lue 449 fois

3

D'autres avis sur Shutter Island

Shutter Island
nm-reader
10

L'empathie du psychiatre, selon Scorsese

"Shutter island", est au départ un roman de Dennis Lehane, spécialiste des scénarios complexes, parfaitement taillés pour être adaptés au cinéma. En témoignent les "Mystic river" et "Gone baby gone",...

le 22 déc. 2013

170 j'aime

27

Shutter Island
Torpenn
2

Lourd dingue

Il n'y a rien de pire à supporter qu'un film qui veut créer une ambiance par tous les moyens et qui n'arrive qu'à vous faire bâiller d'ennui ou frémir d'horreur devant tant de bêtise et de...

le 4 janv. 2011

133 j'aime

276

Shutter Island
real_folk_blues
3

Va phare enculo

Moyennement convaincu mais néanmoins plutôt séduit par l’aspect esthétique lors d’un premier visionnage, c’est avec un sentiment mêlé d’agacement et de consternation que je réceptionne pour la...

le 4 févr. 2013

72 j'aime

24

Du même critique

La Chute de Londres
Foxart
2

"Fuckanistan, or whatever country you came from"

Toi qui entres dans cette salle de ciné, abandonne ici tout espoir de subtilité et même de vraisemblance... Ici tu trouveras tous les codes les plus éculés et stéréotypés du film catastrophe, du...

le 27 avr. 2016

22 j'aime

Aux yeux des vivants
Foxart
2

Dérapages incontrolés

Dieu sait que j'y croyais et que j'en attendais beaucoup, de ce troisième opus du gang Maury/Bustillo, j'avais même très modestement souscrit via le crowdfunding à sa post-production. Mais le film...

le 25 sept. 2014

14 j'aime

3

Georgia
Foxart
10

Je suis mort deux fois, déjà...

J'ai revu ce soir Georgia (Four friends), d'Arthur Penn. J'avais découvert ce film, à 15 ans, dans le cinoche d'Art & essai de mon petit bled de province, puis par la suite au vidéo-club de mon...

le 8 août 2014

14 j'aime

15