Que l'on soit honnête dès le début : Je n'ai pas vu plus de six James Bond dans toute ma vie, et je ne m'en rappelle que de trois (Casino Royale, Quantum of Solace & Demain ne meurt jamais). Mais j'aime l'identité du plus célèbre des agents secrets, j'aime cette classe typiquement British qui se dégage de 007 et j'aime ce mélange d'action, d'humour, de suspens et de charme. C'est un peu le cocktail parfait du bon divertissement plus ou moins décomplexé dont la recette n'a que peu changé en 50 ans.

Happy Birthday Mister Bond !

Mon Grand, sache que personne ne pourra te faire un aussi beau cadeau que celui de Sam Mendes. Pour fêter dignement cette célébration, il t'a redonné tes plus belles lettres noblesses tout en y ajoutant une identité bien contemporaine.

Si Casino Royal avait ajouté une dimension plus dramatique et plus tendu -ce qui ne le rendait pas moins excellent à regarder-, les codes de l'agent avait changé : Fini l'homme séducteur qui enchaîne les sublimes conquêtes sans lendemain, place à l'amoureux prêt à tout pour sa dulcinée. Du coup, son personnage perdait en efficacité et surtout en dureté. C'était un James Bond complètement différent de tout ce qu'on avait connu. Quantum of Solace avait fini de l'achever, et il aura fallu attendre quatre longues années pour revoir l'agent faire le foufou sur le toit d'un train.

Ici, Skyfall rend hommage à l'homme qui a traversé un demi-siècle, reprenant les codes les plus anciens et en les ajoutant dans le monde actuel non sans dérision

"Q: C'est fini maintenant. On ne fait plus dans le Stylo explosif.".

Pour autant, Skyfall est le plus british de ces derniers James Bond. Si les scènes d'actions restent ahurissantes (la première course poursuite ou le final dans le manoir), l'intérêt du film repose essentiellement dans ces personnages, son scénario intelligent et bien actuel (le terrorisme informatique) et ses dialogues fins ponctués de ce charmant accent british cher à la saga. Finalement, l'histoire n'est pas si complexe, il est seulement question d'une vengeance d'un ancien agent du MI6. En la personne de Javier Bardem, Silva est l'une des révélations du film. Son personnage charismatique oscille entre le gay-friendly et le smart, l'insensible et le fin intellect, le convaincu et le vengeur. Un des bad-guy les plus convaincant de ces derniers temps (je n'oserais le comparer à Heath Ledger).

L'intrigue de base nous fait vraiment croire que Skyfall est le début d'une nouvelle ère 007 James Bond. Notre cher agent est tué (HA HA!!) mais c'est pour mieux être ressuscité et venir à la rescousse de la Majestée, la Grande-Bretagne et surtout M (ummy). Le personnage de cette dernière n'a jamais eu autant d'ampleur, on nous présente ses choix, ses convictions, ses responsabilités, son caractère et son amour pour le pays. Froide, rude mais convaincu, elle n'en est que plus géniale et volerait presque la vedette à Bond si elle savait se servir d'un flingue. Pour revenir à notre agent, le personnage a évolué et fait un retour dans le temps. On lui invente un passé et on renoue avec l'homme charmeur, intelligent, drôle et incroyablement physique d'autrefois. Son corps bâti ferait pâlir une montagne et il en impose vraiment, ce qui accentue la crédibilité des combats.

Les scènes d'actions, peut-être moins nombreuses que les précédents opus, n'en sont pas moins oubliées. Si la scène d'ouverture est monté de manière rapide avec des cuts épileptiques, le reste du film vaut son pesant d'or. Une scène de combat sur un train assez tendue ou un combat dans un building chinois intense (complété par une photographie magique et inattendue pour un film du genre) avec cette chorégraphie en ombre chinoise majestueuse, et d'autres séquences importantes dont on va taire le déroulement pour ne pas gâcher la surprise. La mise en scène reste relativement figé mais suffisamment rythmé pour savourer l'ensemble du film sans s'ennuyer. Et ô joie, on a ENFIN des scènes de combats en plan fixe à l'inverse d'un certain Taken 2 récemment.

J'aimerais continuer pendant des heures, mais c'est déjà pas mal si je vous ai retenu jusqu'ici. Je terminerais en disant que Skyfall est l'opus qui rentre dans une tendance initiée par The Dark Knight : Un film possible à la réalité bien sombre. Le film a su se placer dans tous les genres : De l'action-movie au drame en passant par le suspens. Les références qu'ils citent vont du Silence des Agneaux (une volonté incroyable d'égaler la performance d'Hopkins pour Javier Bardem, ça saute aux yeux !) à Apocalypse Now, certains citent même Les Chiens de Paille et n'oublions pas tous les opus de la saga James Bond qui sonnent comme l'hommage au demi-centenaire.

Honnêtement, qui mieux que Sam Mendes pouvait rallumer la flamme 007 dans le monde ? L'homme aux Oscars, l'homme qui a marqué le paysage cinématographique pour toujours nous livre un film qui est le mélange parfait et subtil de ce qu'on attend d'un divertissement prenant et intelligent, comme un certain Dark Knight en 2008.

Monsieur Bond, vous avez de nouveau le Permis de Tuer et aussi longtemps que vos films seront bons, nous serons honoré de vous avoir au côté de la Majesté, vous le modèle de Bravoure britannique.

Créée

le 8 nov. 2012

Critique lue 562 fois

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Kévin List

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