Les espions sont éternels
Le bond nouveau est arrivé et tel un bon champagne Bollinger (que vous verrez apparaître ou pas au détour d’une séquence), il se déguste jusqu’à ce que ses bulles incandescentes vous enivrent. Dans Skyfall, ce n’est pas le ciel qui tombe sur la tête du plus célèbre des agents secrets mais bien le courroux d’un ennemi invisible bien décidé à faire tomber le MI-6. Alors que Quantum of Solace surfait sur la tendance très bournienne de l’action à outrance véhiculée par un montage syncopé et de fait peu lisible (n’est pas Greengrass qui veut), ce nouvel opus opte pour un salutaire retour aux fondamentaux. C’est ainsi que derrière une intrigue à l’apparent simplisme se cache des ramifications toutes autres auxquelles les personnages de Bond et M font irrémédiablement échos. Car s’il y a bien un thème qui est au centre c’est la relation entre ces deux forces complémentaires : l’adulte en devenir face à la mère castratrice. L’occasion pour eux de se toiser lors d’affrontements malicieux où plus que jamais chaque phrase camoufle un double sens comme autant de clins d’œil adressés au public. N’allez cependant pas croire que Skyfall joue la carte du pseudo meta film jetant un regard méprisant sur la mythologie dans laquelle elle s’inscrit. Bien au contraire, le film de Sam Mendes est un pur Bond au sens noble du terme avec ce qu’il faut d’action, de rebondissements et de pulpeuses James Bond Girl. La réelle différence se situe ici au niveau des ambitions : alors que dans les opus précédents, Bond se voyait englobé au sein d’enjeux dont il n’était qu’un maillon, celui-ci se veut plus intimiste dans la mesure où il offre une réelle épaisseur à un personnage qui se dessine peu à peu comme allant au delà du clivage de simple force motrice. Bond n’est pas qu’un symbole mais aussi un homme qui sait quand l’incarner et pourquoi.
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