My name is Classe, James Classe.

Quatre années séparent le film de Marc Forster et ce nouvel épisode, signé Sam Mendes. Quatre ans pour donner une nouvelle teinte à l'espion britannique, après un "Quantum of Solace" fade et très brouillon.
Et puis nous célébrons les 50 ans du bonhomme cette année, alors cette livraison était attendue, très attendue.

James Bond a réellement pris un tournent esthétique en 2006, lorsque Martin Campbell nous présente son "Casino Royale". On y découvre un nouvel agent, la tête blonde, le corps bodybuildé, les traits marqués. Et surtout, on suit un agent plus "humain", plus sensible, plus froid, plus violent.
A l'époque, Daniel Craig crée la controverse. Aujourd'hui, une chose est sûre : il est le meilleur 007 jamais incarné au cinéma.

A vrai dire, ce "Skyfall" doit beaucoup à l'acteur blond. Moulé dans ses costumes sur mesure, la barbe naissante, Walther PPK en main, le James Bond 2006-2012 transpire la classe, c'est évident et c'est frustrant pour notre amour propre.
Mais malgré cette image d'agent sex-symbol, le film de Mendes nous dépeint un homme fatigué, dépassé par certains évènements et qui n'est plus aussi doué physiquement qu'à l'époque... Mais c'est aussi un agent Double Zéro qui s'est assagi, qui n'est plus aussi virulent et perturbateur qu'à ses débuts. C'est un espion qui écoute et qui agit, sans broncher.

Dans ce nouveau récit, le MI6 et son dirigeant, M, sont le coeur de cible des méchants. Des hackers anciennement infiltrés dans cette maison à espions. M est dépassée et elle est en danger. Bond se doit donc de venir en aide à sa mère protectrice, quitte à y rester.
Un scénario plutôt linéaire et léger, comparé à d'autres productions de l'oeuvre 007. Mais ce récit permet de faire émerger toutes les failles humaines qui constituent cette immense organisation politique.
Une remise en question qui viendra de l'intérieur, grâce à Raoul Silva, ancien espion du MI6 qui a été trahi par sa mère porteuse : M. La souffrance est donc au coeur de ce scénario d'espionnage. Il n'y a pas de gros rebondissements de situation, pas d'évènements spectaculaires nous clouant au siège. Non, juste une histoire sérieuse et concrète qui nous amène à voir ce monde lustré et bourgeois différemment.

En réalité, "Skyfall" est à l'image de son réalisateur : un film sérieux, propre et identitaire. C'est peut-être le plus beau James Bond esthétiquement parlant. Mendes a travaillé son style, sa mise en scène, pour nous livrer des séquences d'une rare qualité (je pense notamment à la traque nocturne à Shanghai, entre Bond et un tueur à gage, séquence illustrée par un magnifique combat en ombres chinoises).
Mendes a aussi fait le choix de revenir à un classicisme prononcé, notamment à l'aide de nombreuses références datées (Walther PKK, Aston Martin DB5, bande sonore à thème très exploitée, etc.). Références qui collent parfaitement à la teinte dramatique qu'a voulu apporter le réalisateur à son héros : un agent qui fait son travail.

Au final, Sam Mendes a réussi son job. Bond à la classe lorsqu'il sort une réplique, Bond à la classe quand il marche dans des décors de rêve, Bond à la classe lorsqu'il se bastonne durant des scènes d'action habillement menées et Bond à la classe lorsqu'il est en difficulté et lorsqu'il laisse parler son coeur.

Mais "Skyfall" n'a pas encore réussi à surpasser "Casino Royale". Trop sage peut être... Trop conventionnel. Campbell est celui qui a donné un nouveau visage à l'espion britannique, quitte à étonner tout le monde. Mais il est difficile de faire du "Casino Royale bis". C'est un film à part, qu'on ne peut pas toucher. Il a son identité et sa saveur propres.

Une chose est sûre, Campbell a eu raison de miser sur Daniel Craig. Et Mendes a eu raison d'embellir cette nouvelle figure, tout en pariant sur un autre visage, un visage qu'on n’oubliera pas : celui de Javier Bardem. L'acteur surprend, dérange par sa folie, mais fascine par la maîtrise de son personnage. Il est juste regrettable que ce dernier arrive un peu tard dans la chronologie du récit...
Théo-C
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le 27 oct. 2012

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Théo-C

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