Sofia Coppola a fait un film sur le vide.
On ne devrait pas être surpris, car elle est assez coutumière du fait, ses précédents films ne racontant pas des histoires follement trépidantes. Mais au moins ils avaient l'avantage d'être poétiques (Lost in Translation), frais et un peu gauches parfois (Virgin Suicide), ou roses (Marie Antoinette). Surtout, même dans le cas de ceux que je n'ai pas particulièrement aimés, (VS et MA), ils étaient beaux. Sofia Coppola pêche parfois au niveau du scénario, et assène souvent ce qu'elle veut dire à coup de brique, mais elle a un sens de l'esthétique assez sûr, et un vrai talent pour la mise en scène.
Je m'attendais au moins à retrouver ça dans Somewhere, à défaut d'une belle histoire pas trop chiante, mais la déception fut cruelle. Des close-ups, des plans fixes, qui donnent un film très statique, dont l'image est aussi ennuyeuse que la non-histoire. Elle arrive même à rendre moches des décors dont on imagine la réelle beauté (la piscine de l'hôtel milanais, le salon du Château Marmont).
Ensuite on peut parler des personnages. Qu'ils n'aient rien, à dire, on pourrait le comprendre, mais à ce point? Il aurait peut-être mieux valu faire un film muet et engager des acteurs qui savent se servir de leurs muscles faciaux. Elle Fanning est adorable, mais le scénario ne l'aide pas à montrer son talent d'actrice naissant. Quant à Stephen Dorff... Je ne sais pas quelle est la part de responsabilité de l'acteur, mais je pense qu'elle doit être moindre que celle de l'écriture du personnage. Je ne sais pas si Coppola a voulu qu'il soit un autiste ou un sociopathe, mais en tout cas il n'est carrément pas apte à vivre en société. Quand sa fille pleure parce qu'elle pense que sa mère l'a abandonnée, un père normal l'assurerait de l'amour parental à grand coup de phrases grandiloquentes. Lui se contente de la regarder d'un air bovin, et de lui caresser les cheveux pour la calmer. On ne peut s'empêcher de penser à Sheldon et son "There, there".
Ce n'est qu'une scène parmi l'interminable succession de plans dont on attend juste qu'elle se termine vite, Sofia, je t'en conjure!