pider-Man, personnage créé par Stan Lee et Steve Ditko en 1962, était dans les cartons de Marvel et autres studios depuis toujours. James Cameron propose un script (dont une partie des storyboard détaillés sont visible ici) dans les années 90 mais le projet ne peut voir le jour, la maison de production en charge des droits faisant faillite.
En 1999, Columbia Pictures récupère les droits et finit par confier les rênes du projet à Sam Raimi. Le réalisateur est surtout connu pour ses Evil Dead mais a réalisé d'autres longs depuis, dont le très bien filmé Mort ou Vif avec Sharon Stone. Et il a déjà fait une tentative dans l'univers des super-héros avec Darkman, bien que ça soit une création personnelle et pas une adaptation.

Il s'entoure donc de quelques pointures pour sortir en 2002 un premier volet centré sur les origines de Spider-Man faisant appel à Danny Elfman à la musique et David Koepp (qui a écrit pour Spielberg et de Palma) au scénario.

Ensemble, ils arriveront à réaliser une prouesse : trouver le ton juste pour mettre en images un héros de papier.

J'entends par là que pour la plupart des adaptations de comics au cinéma, on cherche souvent à faire réaliste, crédible, voir sombre. Ou alors à l'inverse se voulant drôle et caricatural. Raimi lui parvient à trouver un équilibre entre belles images éclairées et personnage se prenant la tête, entre des scènes d'actions cools sans être ridicule et entre action et romance. Tous ces éléments parviennent à former un tout unique qui se tient parfaitement.
D'ailleurs, Peter Parker prononce dès le début du premier film que « tout commence toujours à cause d'une fille ». Dans la plupart des films de super-héros, la demoiselle est seulement en détresse, c'est une récompense au bout d'une quête mais elle est rarement tant intégrée à l'histoire.

En plus d'un bon scénario, le premier Spider-Man bénéficie également d'une réalisation très maitrisée. Sam Raimi ne s'emmerde pas à aller tourner entre trois grattes-ciel à Vancouvert en nous faisant croire que nous sommes aux USA : il va filmer au coeur de New York, sous le soleil, nous offrant de magnifiques plans de la Grosse Pomme parcourue par son héros. Et l'homme sait à la fois filmer une scène intimiste et de la grosse action impressionnante.

C'est donc tout naturellement ces qualités qu'il reprend en 2004 pour Spider-Man 2. Le scénario passera entre de nombreuses mains. Koepp encore mais aussi Alfred Gough et Miles Millar, créateurs de Smallville. En effet, le studio veut BlackCat et le Lézard. Michael Chabon participera aussi à l'écriture mais les choix finaux reviennent à Sam Raimi et Alvin Sargent, qui piocheront dans les différents brouillons pour sortir une histoire magistrale.

D'abord, ils choisissent un méchant charismatique pour affronter Spider-Man : le Dr Octopus. Ils confient le rôle à Alfred Molina, brillant, impressionnant dans le rôle du scientifique qui pète les plombs à cause des multiples bras mécaniques qui prennent possession de son corps. La machine prend le pas sur l'homme et pour renforcer l'idée, Raimi rend les bras presque vivants. On les entends même crier !

Mais en plus, le réalisateur reprend toutes les qualités du premier film : un ton, des choix scénaristes cohérents et s'approprie sans doute plus le film que le studio ne l'aurait voulu.
Parker n'y est pas seulement confronté à une terrible menace, il est également confronté à lui-même. Est-il assez responsable pour assumer ses pouvoirs ? Comment être un héros tout en voulant préserver les siens, forcément menacer ? Peut-il avouer à Mary Jane qui il est et en assumer les risques ? Toutes ces questions sont mises en jeu sur un pied d'égalité et non sans oublier les différents évènements du premier film.

Ajoutez à cela le fait que Columbia ait donné 200 millions de dollars à Sam Raimi. Une coquette somme qui permet au réalisateur de s'amuser à travers des scènes très réussies : l'hommage au film d'horreur dans la salle d'opération, le sauvetage de Tante May autour de l'horloge avec face à Spidey un méchant qui non seulement ne craint rien mais possède quelques capacités identiques aux siennes, notamment dans la manière de se déplacer.

Et puis Sam Raimi atteint alors le point culminant de sa trilogie avec la scène du métro.

A ce niveau-là du film, Peter Parker est autant partagé qu'il peut l'être. Dans le premier film, on apprend que les pouvoirs de Spider-Man sont entièrement biologiques suite à la piqure de l'araignée. Il semblait donc logique, mais c'est quand même rudement bien trouvé, que ces pouvoirs soient donc modifiés en fonction de son corps humain, de ses émotions...
Parker, donc, n'a plus ses pouvoirs et est sur le point d'avoir une conversation sérieuse avec Mary Jane quand Octopus surgit et enlève tout ce qui comptait pour notre héros, sous ses yeux (dans une excellente scène où une voiture traverse un café en volant !). Peut alors démarrer la meilleure scène d'action d'un film de super héros, incroyablement filmée, dans laquelle Spidey affrontera Dr Ock sur un métro en marche, devant également l'arrêter avant la fin de la ligne et le butoir final.
Et Raimi continue sa prouesse car une fois qu'on pense la scène terminée, elle continue encore avec une dernière scène mettant un coup de pied à la fameuse bienveillance New York (« Quand vous l'attaquez, vous attaquez aussi New York » crie dans le premier film l'un des témoins d'une scène).

Bataille finale, clap de fin approchant, du moins pour le méchant. Il faut encore conclure la partie de l'histoire entre Peter et MJ et après la fin plutôt triste on ne peut qu'être ravi de la conclusion.

Si on peut faire des reproches au 3e volet de la trilogie, notamment parce que Columbia a imposé Venom mais aussi parce que le personnage de Sandman souffre de problèmes d'écriture et parce que Raimi a voulu trop mettre l'accent sur l'humain, le film bénéficie quand même de grandes scènes comme ces précédesseurs.

Spider-Man n'est donc pas la trilogie parfaite, elle s'en rapproche quand même pas mal grâce à un très bon premier volet, à un excellent second film, le meilleur de super héros à ce jour, et grâce à un homme qui a su exactement trouver la bonne tonalité, le casting juste et qui sait carrément tenir une caméra.

Au vu de ces trois films, et du second volet en particulier, on ne peut qu'être inquiet à l'idée d'une nouvelle version confiée à un réalisateur sûrement trop lié à son studio.

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le 27 févr. 2011

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