A l'image du Batman de Chris Nolan, Spider-Man de Sam Raimi n'est pas l'adaptation exacte du comic telle que les lecteurs l'auraient voulu. Le réalisateur d'Evil Dead a choisi, en trois films, de garder l'essence du personnage pour mieux se l'approprier. Les pouvoirs de Spidey deviennent dès lors génétiques (est-ce bien crédible dans un film cherchant le réalisme qu'un lycéen se fabriquent des lance-toiles ?), le ton est plus sérieux et l'humain d'avantage mis en avant. Quand d'autres préfèrent se focaliser sur les méchants Raimi cherche à mettre en avant la quête du héros, le parcours qu'il doit réussir pour mériter le costume qu'il porte. Ce sont ses choix et un talent évident pour la mise en scène qui feront de la trilogie Spider-Man une réussite.

Ce troisième volet commence peu de temps après la fin du second. Peter Parker a réussi à concilier sa vie privée, ses études et sa vie de super-héros, cher au coeur des New Yorkais. Mais cet équilibre va être de courte durée. Flint Marko, décrit comme le véritable assassin de l'oncle Ben, s'est échappé, Harry Osborne en veut toujours à Parker pour la mort de son père et le symbiote, qui créera par la suite Venom, atterrit sur Terre. Et pour couronner le tout, la belle Mary Jane, actrice à Broadway, s'est faite virée de sa nouvelle pièce, ce qui aura des conséquences sur son couple.

Cet accent sur l'aspect humain, sur la vie de Peter Parker et son couple, et au delà une volonté incessante de rappeler qu'il y a un homme sous le masque (en le faisant combattre régulièrement à visage découvert) font partie des petits défauts qui ponctuent le récit. Oui, on admet volontiers que le récit -cette fois écrit par Sam Raimi lui-même- n'est pas à la hauteur de ce qui avait été fait jusque-là. On pourrait aussi citer la volonté de raccorder le personnage de Flint Marko au premier film, très maladroite mais si elle permet de boucler une boucle à la toute fin. De la même manière, le personnage de Harry Osborne est traité par dessus la jambe : Raimi ne sait pas trop comment l'inclure dans le récit alors il use d'une des plus grosses ficelles scénaristiques possibles : l'amnésie. Ca l'arrange bien et ça lui permet de ranger James Franco au placard le temps de faire avancer les autres éléments de l'histoire pour le ressortir plus tard de manière toute aussi maladroite (la scène sur le pont dans Central Park est horrible).

Mais on ne peut pas critique l'attitude du Peter touché par le symbiote. Oui, la scène où il déambule en ville puis danse dans le jazz-club est un peu ridicule mais il y a derrière une volonté de Sam Raimi de faire un pied de nez à la production, qui lui a imposé Venom. Qui plus est, c'est une caractéristique du personnage particulièrement bien amenée : Spider-Man a toujours eu un coté frimeur, même dans la BD, amplifié ici par l'amour que lui portent les New-Yorkais et le fait que tout se passe pour le mieux dans sa vie. Plutôt que d'en faire une véritable version dark, où l'on verrait l'Homme-Araignée détrousser les petites vieilles en costumes sombre, Raimi choisit d'amplifier les défauts de caractère de son personnage. Ce qui, en plus d'être logique, nous permet de penser que Peter Parker est au delà une personne pétrie de qualités.

Et puis finit par arriver le grand final, comme un cheveux sur la soupe. Après avoir pris le temps de tout bien poser, Raimi torche une rencontre entre Sandman et Venom dans une ruelle à la con pour leur permettre de s'allier. Mais qu'est ce qui a bien pu passer par la tête des gens de Sony d'imposer la créature extra-terrestre ? Sans cet élément du récit, le réalisateur et scénariste aurait pu pleinement se concentrer sur Harry Osborne et Flint Marko !

Mais au delà du récit, qui caractérise un peu plus le héros, toute la force de Spider-Man 3 vient de la mise en scène. Que ça soit le plan séquence évoquant la création du Sandman et partant d'un minuscule grain de sable ou les différents passages orientés action (et finalement pas si nombreux), on en prend plein les yeux. La caméra de Raimi virevolte comme jamais, tout en restant toujours extrêmement lisible. Ici, point de surdécoupage et de coups qu'on ne voit même pas portés : les séquences sont longues et intenses, à l'image du face à face Parker/Harry ou de l'excellent final où la multitude de personnages (et de niveaux) ne pose aucun problème à Raimi qui livre une fin absolument nickelle. On ne va d'ailleurs pas se mentir : Spider-Man 3 contient sans doute les meilleures scènes d'action de la trilogie et, en la matière, met la misère à pas mal de productions super-héroïques actuelles.

Au final, Spider-Man 3 est un tour de force : celui d'être parvenu à livrer un film de haute tenue, jamais cynique, focalisé sur le parcours de son héros avec des scènes d'actions époustouflantes. Certes, il n'a pas le niveau du second volet. Mmais qui l'a vraiment... ?

Et dire que Sam Raimi voulait tourner un 4e film avec John Malkovich en Vautour et que Sony a préféré rebooter tout ça...
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le 28 avr. 2014

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