J'ai récemment revu Spider-man 2 puis le 1, et, après une hésitation, ai fait l'impasse sur le 3ème opus de Sam Raimi. Mais bon, en commandant le DVD de la version longue du 2, je n'ai pu résister à l'idée d'acheter le 3 par la même occasion, et du coup je l'ai revu hier soir...
Le film a été une déception pour beaucoup, mais après l'avoir revu, j'ai voulu revenir sur ses qualités (et sur ses défauts aussi, bien sûr).

Alors que Spider-man 2 présentait de façon superbe les dilemmes qui jalonnent automatiquement la vie d'un héros, l'intro du 3 nous montre un Peter Parker à qui, comme par magie, tout sourit soudainement : on ne sait pas ce qui a changé, mais maintenant il arrive à concilier ses exploits d'homme-araignée avec ses études et sa vie de couple. C'est limite niais tant on dirait un conte de fée moderne.
Au bout de 3 films, un truc qui n'a pas changé avec Peter, c'est qu'il reste un gros nerd malhabile malgré tout. Et Tobey Maguire est crédible peu importe laquelle des deux facettes de son personnage il incarne.
La caractérisation des personnages en général est encore, par instants, pleine d'attentions ; il y a cette scène avec tante May qui raconte comment Ben l'a demandé en mariage, qui est assez touchante.
Et Spider-man 3 est le premier film de super-héros où j’ai remarqué que, pour une fois, on ne se débarrassait pas des méchants de façon classique, à savoir par la mort ou le passage par la case prison, mais en faisant appel à leur part d’humanité ! (depuis, j’ai constaté que c’était déjà présent dans Spider-man 2). Dès leur apparition, les antagonistes ne sont pas montrés de façon manichéenne, puisqu’on découvre l’homme-sable quand il rend visite à sa fille.

Par contre, les scénaristes se montrent plus paresseux quand il s’agit d’aborder les origines de ce méchant : il tombe dans une cuve où l’on conduit des expériences que je ne saurais décrire, et lorsqu’un scientifique fait remarquer que le poids dans la cuve ne correspond pas à la normale, un autre lui répond que ça doit être un oiseau qui s’est posé là. Ouais, c’est comme ça que ça se passe.
On sent que ce ne sont plus les mêmes personnes qui se sont attelées à l’écriture sur cette suite : pour la première fois dans la trilogie c’est Sam Raimi lui-même qui s’y est mis, avec son frère Ivan, et un seul des 4 scénaristes de Spider-man 2.
On a droit à cette histoire poussive de l’amnésie d’Harry, on fait du sur-place en remettant sur le tapis l’histoire de la mort de l’oncle Ben, à laquelle on apporte des éléments inédits sortis de nulle part, et on fait carrément plusieurs pas en arrière avec la relation entre Peter et Mary-Jane, et pour une raison absurde. Pourquoi ce con de Peter embrasse Gwen Stacy en public ? C’est un truc que je n’ai jamais compris. Grosse frustration pour moi, alors que le mariage entre les personnages est ce que j’attendais comme conclusion, ayant eu en tête à l’époque la fin de la série animée des 90’s, où le nouveau bouffon vert venait s’inviter à la cérémonie.
C’était déjà un peu le cas avant, mais plus que jamais dans ce troisième épisode, le scénario abuse des hasards : tous les personnages principaux sont liés entre eux, et ils sont toujours au même endroit, au même moment, quand quelque chose de crucial se produit.
L'écriture des dialogues perd de sa finesse par rapports aux autres films, et on enfonce le clou avec lourdeur quand il s'agit d'évoquer, encore, la mort d'oncle Ben à Peter, ou de rappeler à Mary-Jane que Spidey en a embrassé une autre...
Il y a même des plot holes et incohérences, comme lorsque Venom dit à l’homme-sable que Spider-man l’empêche de sauver sa fille malade (hein ?), et des deus ex machina : le majordome d’Harry qui lui dévoile à la fin que son père a été tué par son propre planeur… mais pourquoi il l’a pas dit deux films plus tôt, cet abruti ?
Par contre, je trouve qu’en 2h, Spider-man 3 ne jongle pas si mal que ça entre ses 3 méchants…
Je ne vais pas m’étendre très longtemps sur ce bad boy de pacotille que devient Peter, tout le monde en a parlé, et je pense que pour n’importe quelle personne de sensée, ça paraît grotesque. Mais quand même, même en étant au courant, en revoyant le film hier, je n’ai pu m’empêcher de grimacer pendant toutes ces scènes de danse… wtf ?! On dirait un tout autre film.
Il aurait fallu un director’s cut pour Spider-man 3, comme pour le 2, mais dans lequel on aurait juste retiré ces scènes navrantes…
Dans le reste du film toutefois, les tentatives d’humour sont efficaces, surtout quand elles viennent de J.K. Simmons et Bruce Campbell, tous deux monumentaux.

Un des grands points forts de ce film, ce sont ses effets spéciaux. Certes, dès le premier plan, j’ai remarqué comme certains trucages avaient vieilli, avec cette incrustation de Spidey qui laisse à désirer, mais pourtant, dès ce même premier plan où il se balance entre les immeubles, j’avais la même sensation que quand on va sur des montagnes russes, j’en frissonnais. Et ça, c’est une des grandes forces de la trilogie de Raimi : arriver à nous donner l’impression de planer avec Spider-man.
Et il y a d’autres scènes putain d’hallucinantes encore aujourd’hui, en particulier la première attaque du bouffon sur Peter, où les deux personnages se battent dans les airs. Ma réaction en voyant ça : un "oh putain" toutes les deux secondes.
Sam Raimi fait durer les plans et joue sur les mouvements de caméra qui virevoltent autour des personnages sans jamais les lâcher, qu’ils passent à toute vitesse dans une allée étroit ou qu’ils chutent en tournoyant. L’action est très rapide, mais reste limpide. Pour cela, Raimi est un vrai virtuose. Il y a un autre moment que j’avais vu plusieurs fois en extrait, et qui m’avait bluffé : Spidey qui saute entre les débris gigantesques d’un immeuble pour rattraper Gwen Stacy. J’en tremble à chaque fois.
La séquence de naissance de l’homme-sable est aussi une merveille d’animation et d’effets spéciaux.
Le réalisateur a aussi, comme d’habitude, de superbes idées de mise en scène, en attestent ces zooms sur l’homme-sable quand sautent les boulons de la conduite d’eau, ou ce détail de la bouteille de whisky qui éclate dans le feu de cheminée, lors du combat entre Harry et Peter.
Bon par contre, Raimi aime aussi les effets de transition un peu kitschs…
Et ce plan avec Spider-man qui fait une pause devant ce drapeau américain est regrettable…
Le film a, étonnamment, quelques défauts dignes d’une série B : la photo de Spider-man "originale" fait plus fake que celle censée être retouchée par Brock, et dans la scène avec la pièce de MJ, on entend des applaudissements puis on passe sur un plan… où le public n’applaudit pas.

Spider-man 3 est certes très en deçà du 2, un des meilleurs films de super-héros qui soit, mais il faut lui reconnaître des qualités.
Je maintiens que j’aurais adoré que Sam Raimi fasse un autre Spider-man ; quand on voit à quoi ressemblent les reboots, c’est déprimant.
Je rêve d'un monde parallèle où le Spider-man 4 de Raimi existe.
Wykydtron IV

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2

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