Space soap opera

La Menace fantôme fut une douche froide, une désillusion artistique d'ampleur mondiale et générationnelle.
Dix ans après les événements relatés dans l'épisode 1, on retrouve un Anakin Skywalker, désormais un séduisant jeune homme, un brin arrogant, impétueux, et parfois un peu con. Lui et son maître Kenobi doivent déjouer plusieurs tentatives d'assassinat visant l'ancienne reine de Naboo, Padmé Amidala, devenue sénatrice, et qui ne semble pas insensible au charme de son nouveau garde du corps, Anakin (lequel est déjà amoureux fou).
Ainsi, les deux vivront une idylle assez convenue en forme de retour aux sources sur Naboo puis Tatooine (où surviendra bien-sûr le premier événement annonçant la destinée d'Anakin), tandis qu'Obi-wan mènera son enquête sur une mystérieuse armée de clones et sur leur commanditaire, tout en affrontant le redoutable modèle original, le chasseur de primes Jango Fett.

Lucas divise son récit et multiplie les enjeux comme il a coutume de le faire. Le fait est que pour rallier le capital sympathie des anciens fans devenus ses plus virulents détracteurs suite à la déception du premier épisode, il adopte un ton résolument plus adulte que celui de l'épisode un, impose une romance désuète, et surtout fait appel au retour d'une figure mythique de la trilogie originelle via Jango, père de Bobba Fett et à l'aspect quasi-semblable. Le personnage, bien que secondaire, est l'élément déterminant à la réussite toute relative du film car il justifie presque à lui-seul les événements des deux premiers actes et l'intérêt qui en découle. Car il faut bien s'avouer que le film pâtit d'une intrigue terriblement lente à démarrer.

Dans la première partie, la structure du récit subit de fréquentes baisses de rythmes. Deux scènes majeures sont la poursuite sur Coruscant et le duel Obi-Wan/Jango Fett sur Kamino. A part ça le reste du spectacle est certes bien emballé mais demeure un rien ennuyeux, tant par la platitude des dialogues que par le déroulement prévisible et très classique de l'intrigue (la romance est évidente, le complot politique aussi). Dès lors on se met à douter sérieusement de la pertinence de cette prélogie ? Lucas peut-il encore seulement nous divertir à défaut de nous surprendre ou de nous émerveiller ?

La réponse se fait dans le dernier tiers du film, entièrement tourné vers l'action, et la profusion d'effets spéciaux numériques. C'est à partir de là que cette trilogie prend véritablement son essor.
Tous les personnages emblématiques (hormis Palpatine et Jar-jar, bon je déconne pour le second) se retrouvent réunis au même endroit pour une bataille finale pas loin d'être grandiose et rattrapant le manque d'action qui a précédé.
Il y a d'abord la séquence de l'arène, clin d'oeil appuyé à Harryhausen via un bestiaire CGI impressionnant. Puis un deus ex machina via l'entrée en scène massive des Jedi.
Suit un premier round, où périt l'iconique chasseur de primes de la main du maître jedi Mace Windu (c'est autrement plus honorable que de tomber comme un con dans la gueule du Sarlaac il faut dire). Puis le second round voit la fameuse attaque des clones (dont on se languissait) promise par le titre lequel se légitime seulement par son climax. S'ensuit la confrontation dans les règles de la chevalerie Jedi voyant deux d'entre eux affronter le même Sith. Le point final est apporté par l'entrée en scène d'un Yoda plus athlétique qu'il n'y parait. La séquence est à la fois bien troussée et risible tant elle semble un rien grotesque (avec de telles acrobaties, on s'étonne de voir Yoda s'aider d'une canne pour marcher).

Ainsi, après avoir flirté avec le désuet dans sa première partie, ce second opus trouve un second souffle dans son dernier acte, lequel justifie à lui-seul le visionnage du film. Est-ce à dire que L'Attaque des clones est une franche réussite ? Bien sûr que non, son scénario est maladroit et cette surenchère de CGI révèle un aspect trop fake qui décrédibilise cet univers. Mais le film, tout aussi bancal puisse-t-il être, a le mérite d'imposer un sacré spectacle en son dernier tiers et de commencer sérieusement à poser les bases de la grande guerre à venir.