Starbuck
7.1
Starbuck

Film de Ken Scott (2011)

À partir d'un sujet original – une myriade de jeunes adultes part à la recherche de leur père biologique, un donneur particulièrement productif de sperme – le canadien Ken Scott réalise une œuvre attachante, oscillant entre comédie désopilante et réflexion plus finaude que l'accroche pourrait le laisser croire sur la paternité et l'identité familiale. Le héros malgré lui, David Wosniak, est un quadragénaire immature, livreur dans la boucherie de son père, un immigré polonais, poursuivi simultanément par deux durs à cuire à qui il doit un bon paquet d'argent. Le géniteur de 533 enfants, dont un quart souhaite faire sa connaissance, ne sait comment gérer cette incroyable nouvelle, alors qu'il vit une relation compliquée avec son amoureuse Valérie, qui attend elle-même un bébé et qui n'envisage pas David comme un père capable d'assumer ses fonctions. La meilleure partie du film, parce que la plus rythmée et inventive, se situe au moment où David prend contact dans l'anonymat et dans des situations qu'il organise de toutes pièces et ne doivent donc rien au hasard avec quelques-uns de ses rejetons. Dans ces instants fugaces et souvent cocasses, le film tisse avec subtilité et élégance une belle idée de ce que peut être la paternité, abordée sous l'angle de la protection, de l'aide et du conseil. Mais l'affaire prend de plus en plus d'ampleur, relayée par la justice et les médias. Dès lors le film devient plus convenu, flirtant parfois avec une approche sirupeuse, en tout cas tellement pétrie de bons sentiments qu'elle finit par serrer la gorge en flattant notre sensiblerie. Il n'empêche, Starbuck ne manque pas de qualités : l'interprétation en nuances de Patrick Huard, les seconds rôles (l'avocat de David, son père et ses deux frères et les quelques enfants biologiques sur lesquels s'arrête le scénario) et le made in Québec (expressions et accent truculents qui font toujours rire). Il y a beaucoup de tendresse et de sentimentalisme dans cette comédie attachante qui interroge aussi l'hérédité et la transmission, tout en n'omettant pas de mettre en exergue par le biais de l'humour l'épineuse question de la naissance et des origines. Ou comment, ainsi que le déclare un des enfants de David, vivre quand on n'a pas été conçu dans l'amour, mais grâce à la masturbation dans un pot. Une belle surprise pour l'été.
PatrickBraganti
7
Écrit par

Créée

le 2 juil. 2012

Critique lue 610 fois

11 j'aime

Critique lue 610 fois

11

D'autres avis sur Starbuck

Starbuck
SanFelice
9

There's a Starbuck waiting in the sky

David est un loser, un vrai, un dur (enfin non : un mou). Il tente de faire pousser des plantes prohibées dans son appartement, il doit de l'argent à des personnes peu fréquentables à qui il vaut...

le 14 déc. 2013

52 j'aime

18

Starbuck
MarlBourreau
8

El Masturbator !

David Wosniak est un branleur. Au sens propre comme au figuré. Eternel loser irresponsable, il donnait anonymement du sperme sous le pseudonyme de Starbuck pour se faire un peu d'argent.Sauf que...

le 12 juil. 2013

42 j'aime

Starbuck
Before-Sunrise
8

« Ne te reproduis jamais ! »

Sur une idée de base brillante, Starbuck ne scintille pas par une écriture ciselée ou par des personnages d’une grande profondeur. Le film éblouit plutôt par son ambiance, sa grâce et les éclats de...

le 11 juil. 2013

42 j'aime

3

Du même critique

Jeune & Jolie
PatrickBraganti
2

La putain et sa maman

Avec son nouveau film, François Ozon renoue avec sa mauvaise habitude de regarder ses personnages comme un entomologiste avec froideur et distance. On a peine à croire que cette adolescente de 17...

le 23 août 2013

89 j'aime

29

Pas son genre
PatrickBraganti
9

Le philosophe dans le salon

On n’attendait pas le belge Lucas Belvaux, artiste engagé réalisateur de films âpres ancrés dans la réalité sociale, dans une comédie romantique, comme un ‘feel good movie ‘ entre un professeur de...

le 1 mai 2014

44 j'aime

5