J'ai vraiment eu beaucoup de mal à tenir devant ce film. Je n'en attendais pourtant pas grand chose à priori, on ne peut pas dire que j'ai moi même élevé la barre trop haut.
Il ne se passe rien dans ce film. Rien sinon voir un gars heureux. Et rendre les gens heureux. Pas de conflits. Rien néant. Pourtant on veut nous le faire croire. Au début, on nous présente un pauvre gars endetté qui va certainement mourir s'il ne rembourse pas très vite 80 000 dollars canadiens. En plus il a un job de merde, et sa nana lui lance un ultimatum. Et bien ces conflits seront ellipsés de tout le film, et résolus comme par magie sur la fin (vive les incohérences). On prend soin de nous rappeler chacun d 'eux vite fait au milieu du film, mais sans plus. Pire, la scène du tribunal, le plus gros conflit, est muet, avec une musique par dessus des images explicites... ce qui minimalise l'impact du drame, car ça met de la distance (et donne l'impression que le scénariste savait pas trop quoi écrire comme dialogues). Non vraiment, ce qui compte, c'est l'idée des 500 gosses qui veulent découvrir leur père. Et là on a droit à une pléiade de bons sentiments, rien que ça. Très vite, le personnage se montre bon, honnête, juste. Le film aurait été américain, on aurait peut être appelé à la propagande.
Les dialogues sont plutôt mal écrits, je trouve. Rares sont les blagues qui m'ont fait rire, et en plus certaines répliques n'avaient pas beaucoup de sens. Les personnages ne sont pas très profonds non plus. Et les situations semblent être des copier coller d'autres films. Je ne prétends pas qu'un bon film ne peut être fait que d'idées originales, du tout, mais plutôt qu'un auteur réinvente, qu'il s'approprie littéralement ce qu'il pique ailleurs pour y donner son propre point de vue. Ici je n'ai pas eu cette sensation, hélas. Ensuite, la plupart de ses gags ne sont pas très poussés, c'est assez simple. A l'image de cette introduction où l'on voit un mec se branler... Ce que je ne comprends pas c'est que tout le monde a ri devant cette scène, mais par contre presque personne ne s'est marré de voir un mec qui n'osait pas se branler dans "40ans et toujours puceau". C'est dingue! Même si ça vole pas haut, il faut admettre qu'un gars qui n'ose pas se branler, c'est plus poussé que un mec qui se branle!
Je regrette aussi que jamais Ken Scott ne décide de vraiment lancer le débat et donner son opinion sur la légitimité du don de sperme. Après tout, pourquoi pas? Mais le problème c'est qu'on trouve des personnages qui veulent émettre leur avis sur la question. Des gens pour, et des gens contre. Et bien puisque l'auteur n'a pas voulu creuser la question, le débat reste très superficiel dans le film. A savoir: "c'est un pervers, il s'est branlé 500 fois" versus "il a donné de la vie et du bonheur". Ca n'est pas un résumé des idées portées par le film. Ce sont vraiment les seuls et uniques arguments. Alors quand je dis que les personnages ne semblent pas très profonds...
La mise en scène comporte un peu plus de qualités que l'écriture. En effet, il y a de belles images. Notamment les photos de début et de fin. Et aussi cette scène du barbecue, vraiment très belle à regarder (malgré le vide dramatugique). Néanmoins, le réalisateur évite la subtilité, notamment grâce à une musique omniprésente, traduisant trop explicitement les sentiments que le spectateur est censé ressentir. Dans le montage il manque des choses. Par exemple, on ne rappelle jamais que notre héros travaille durant ses rencontres avec ses fils. Si bien que pendant un moment j'ai eu l'impression que Starbuck avait arrêté de travailler (alors qu'il doit de l'argent). Et enfin, imaginez que le gars décide d'aller voir ne fut ce que 10 enfants, les rencontrer, les aider etc... Compte tenu du fait qu'il bosse toujours... quand trouve t il le temps pour aller les voir? Il ne peut tous les rencontrer en un jour, ça prend du temps tout ça, surtout qu'il se permet d'aller en revoir certains plusieurs fois. Tellement de temps, en fait, que sa femme a le temps d'accoucher... Prématurément mais tout de même! 8 mois au moins se sont écoulés, Starbuck est toujours vivant alors qu'il n'a pas encore remboursé ses dettes. Gros problème d'écriture et de montage.
Bref, je n'ai pas trouvé mon bonheur dans Starbuck. Ce que je cherche moi, c'est du conflit, et des héros qui pataugent à les résoudre. Si au moins j'avais trouvé le film drôle.