Starbuck
7.1
Starbuck

Film de Ken Scott (2011)

http://666mots.over-blog.com/12-juillet-starbuck

[Attention, de nombreuses expressions des cousins d’Amérique sont cachées dans cette analyse]

Comment appelle-t-on un homme intelligent au Canada ?

Un touriste

Ou alors, Ken Scott, le réalisateur de l’excellent Starbuck, un film pour lequel plus d’un million de Canadiens sont allés aux vues, tout de même. Ceux-ci n’étaient pas à côté de la track.

Est-ce par pudeur, par dent-durisme, ou par hasard que je n’ai jusqu’à présent chroniqué que des films nuls ou au mieux passables ? Je ne pense pas être spécialement difficile à contenter, et les québécois ayant œuvré sur le film Starbuck le confirment bien, puisque ce film, basé sur une histoire extrêmement simple, des acteurs méconnus, sans effets d’annonce rocambolesques, est pour moi le meilleur film que j’ai vu cette année à la télévision (et Dieu sait que je regarde tout ce qui passe sur Canal+). Ce film TIRE !

En voyant le synopsis très incomplet de Starbuck, je me disais que le film était une gigantesque publicité pour le Frappucino, et j’étais frappé de nostalgie, car on ne trouve pas ce délicieux breuvage à Nice intra-muros. En réalité, le nom Starbuck provient du surnom du héros du film, éjaculateur en série dans des bocaux, qui a donné 693 fois son sperme en deux ans, pour un total de 533 naissances, surnom lui-même venu, Wikipédia nous l’apprend, d’un taureau ultra-procréateur nommé ainsi. Oh boy !

Bref, l’idée de Starbuck est à la fois moderne, réaliste et efficace. Attache ta tuque avec d’la broche ! Notre héros, David, loser notoire, les mains plein de pouces, qui essaie de remettre sa vie en place en effaçant ses dettes de jeu, se retrouve du jour au lendemain catapulté père de 533 enfants. Il a du guts, David ! Oui, mais voilà, heureusement pour lui, son identité est tenue secrète légalement. Alors David se prend pour un ange gardien et tente d’aider chacun de ses enfants au mieux de ses possibilités, et David n’est pas gratteux.

Ken Scott parvient à créer une merveilleuse alchimie entre la poésie de l’histoire et l’humour des personnages et à une coupe de situations créées au fil des rencontres, un petit peu à la manière de séries comme « My name is Earl » où de nouveaux personnages apparaissent au gré des déplacements de David « El Masturbator » avec ses enfants. Mets-en !

Pour reprendre mon idée de départ, il n’est donc pas difficile de faire un bon film, vivant, même pêchu, pas plat pour un sou, drôle et tendre, et triste et bucolique. Bref, je capote. Il est également possible de ne pas sombrer dans le pathos en traitant de thèmes difficiles comme la maladie mentale, l’adoption, la fécondation artificielle ou le gothisme. Tout passe parfaitement, le film est crédible, il n’y a pas de you-turn, l’intrigue nous emporte, on veut prendre les décisions de David en même temps que lui, lui souffler de choisir l’une plutôt que l’autre. On se prend surtout à aimer ce gentil paumé avec le cœur sur la main. On a envie, j’ai envie, que David vive heureux avec sa femme qu’elle est bien kioute, et la famille qu’il aura choisie, c’est foule capoté.

La moralité : L’humour québécois est toujours au niveau, je ne sais pas si c’est l’accent ou les mots utilisés, mais Calice que c’est bon ! Les blagues québécoises, ce film en a en masse, en a un char et puis une barge !

« Connaissez-vous la nouvelle pilule viazac?
Non...
C'est un mélange de viagra et de prozac.
Tu ne bandes plus mais tu t'en crisses »

La mention du critique : Au public du monde entier, qui a su primer à plusieurs reprises un film souvent apprécié avec modération par la critique, probablement parce qu’il s’agit d’un film de niche, sans noms ronflants ni gros budgets. Bravo donc au public de Palm Springs, ou à celui de Calgary. Eux ils n’ont pas regardé avec des yeux d’hommes les films qui ne valent pas de chnoute !
Orian_Gissler
8
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Créée

le 19 juil. 2013

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Orian Gissler

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