Au moment où Harley Quinn plante le katana dans la caricature de méchante, en disant "j'aime bien dominer le monde, mais j'aime pas qu'on touche à mes amis", l'épiphanie m'apparu : ce film est l'équivalent d'un AMV de Naruto sur In The End de Linkin Park, mais qui dure 2 heures.


Mis à part la photographie, absolument tout est à jeter dans ce film.
- Le script, d'abord et avant tout. Sans queue ni tête, mal expliqué, bourré de punchlines en carton, depersonnages qui changent de personalités d'une seconde à l'autre (le soldat qui se vante d'être intègre ne sourcille pas quand des innocents se font abattre dans le dos, les tueurs en série qui deviennent des bisounours). J'attends pas des miracles d'un script de superhéros mais au moins un peu de sens et de cohérence.
- La réalisation, dispersée, indigeste, oublie l'essentiel et se perd dans l'inutile. Avoir autant de personnages principaux demande un rythme et un montage précis, de la cadence. Ici, on écourte des scènes qui donnerait de la dimension aux personnages pour mieux s'attarder sur des passages ridicules (genre le jet d'explosif au ralenti pendant 2 minutes) ou hors propos. Les 30 premières minutes vont être diffusés dans les écoles de cinéma comme tout ce qu'on ne doit pas faire en narration et rythme.
- Les acteurs : J'ai rarement vu un film où les rôles principaux ont aussi peu d'alchimie entre eux. Le problème n'est pas forcément le jeu d'acteur (même si à part Harley/Amanda/Diablo, les prestations sont parfaitement médiocres) mais toutes les craintes concernant la répartition des rôles étaient fondées. Le film aurait dû s'appeler Will Smith + Harley Quinn + 5 autres connards. Parce qu'il est un grand nom, Will Smith vampirise toutes les scènes et devient le centre émotionnel du film. Pratiquement tous les personnages sont définis par rapport à leur interaction avec lui. Croc, Boomerang, Katana et les autres sont réduits à des marionettes qui baissent la tête quand il faut être triste, rigolent quand il faut rigoler et tiennent la bière quand Will Smith va piser. Le réalisateur s'en battait tellement les couilles que l'un des gars s'enfuit et revient 1 MINUTE APRES sans aucune raison ou commentaire des autres personnages.
C'est pas comme si le Joker était mieux. Uniquement là pour faire gonfler le box office, il est surjoué et sans intensité. Un Tony Montana sous acides mais sans charisme.

- La saturation de musique. Placer des classiques de la pop culture sur des moments bad ass au ralenti, c'est très bien. Ne faire que ça pendant 2 heures, c'est un signe de faiblesse. Les (bonnes) musiques s'enchaînent sans réflection, comme pour nous marteler ce que nos yeux voit déja. On imagine le réalisateur à côté de nous, donnant des coups de coudes en disant : "Regarde, sympathy for the devil, tu vois qu'elle est méchante ?" "7 nation army, et ils sont 7 ! 7 ! Pas mal hein ?"
- Le ton : Faussement edgy et bourrin. Les dialogues sont une répétition de "On est les méchants ! " "Vous faites ça, et ç'est vous les méchants ? "Je suis méchante ET folle". Le film se veut subversif en disant pussy mais en vérité il est plus mièvre qu'un Capitaine Planète. Le fait qu'on suive une bande de criminels n'influent sur rien. C'est les Avengers imaginés par un emo adolescent.


Je vais même pas parler des effets spéciaux, des scènes de combats ou des 15 dernières minutes, parce que sinon ça va commencer à insulter des mères.


Suicide Squad, c'est un peu comme cette rédaction qu'on fait à l'arrache dans le bus avant d'aller en cours. Lorsqu'on met le point final, on a l'impression que ça a de la gueule. Mais lorsque la note (et la relecture arrive), c'est là qu'on se rend compte de l'ampleur du désastre.

Ferulci
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le 4 août 2016

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Ferulci

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