Où est passé le rythme infernal du livre ?

A sa sortie, je découvrais "Sur la route" en espérant retrouver ce que j'avais pu trouver dans "Into the Wild" : cette claque qui m'aura fait changer ma vision du monde, m'aura ouvert les yeux sur la nature et sa beauté et aura façonné l'adolescent puis le jeune homme que je suis devenu, curieux et épris de liberté. Ce n'a pas été le cas.


J'y découvrais, au contraire, des personnages forts, complexes, et des dialogues laissant rêveur mais à l'intérieur d'un film bien trop lent.


A l'époque, je n'avais pas lu le livre de Kerouac. En 2019, j'ai enfin rattrapé ce retard et j'ai adoré ce style d'écriture qui consistait à foncer et à ne jamais s'arrêter. Pas de paragraphes, pas de retours à la ligne, pas de chapitre. Les mots défilaient à la manière d'une voiture lancée sur la route pied au plancher. J'ai donc décidé de revoir ce film. Après tout, maintenant que je connais l'oeuvre originale, le film saura peut-être plus me toucher.


Walter Salles a été très fidèle au livre. Il a retranscrit de nombreuses scènes d'une manière très convaincante. Même les scènes les plus osées. Il n'a rien censuré et c'est tout à son honneur.
On sent un amoureux du livre, qui a su également lire entre les lignes (la relation crypto-gay entre Sal Paradise et Dean Moriarty est retranscrite subtilement).


De même, le choix des acteurs est excellent. Garrett Hedlund est LE Dean Moriarty (ou Neal Cassady pour ceux qui ont lu le rouleau original, comportant les véritables noms des protagonistes). Je ne vois aucun autre acteur qui aurait pu incarner aussi bien qu'il l'a fait ce fou, qui brûle la vie par tous les bouts, quitte à blesser ceux qui l'aiment. Il a une véritable présence physique à l'écran qui bouffe tous les autres acteurs. On ne voit plus que lui alors que Sam Riley, Sal Paradise (ou Jack Kerouac) est très convaincant aussi !


En réalité, là où le bât blesse, c'est l'étrange choix de rythme de narration et de mise en scène. Tout est très lent, très dans l'observation. C'est l'exact opposé du roman qui filait à 100 à l'heure, sans jamais prendre de pause !


On aurait été en droit d'attendre du film qu'il nous prenne par le col et nous emporte avec lui jusqu'au générique final. Au lieu de ça, on a beaucoup de scènes sans dialogues, presque inutiles, et contemplatives. Du coup, cela gâche énormément l'expérience car, dans ces moments là, le film devient vite ennuyeux.


"Sur la route" est un livre difficilement adaptable à cause de son format. Même si c'est une adaptation très fidèle, on en a une nouvelle preuve : difficile de suivre le rythme infernal du bouquin sur grand écran !

Elgato65
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le 3 août 2014

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