De Niro utilise ici sa magnificence pour incarner Travis, un jeune "marines" fraichement revenu du Vietnam. Revenu physiquement, surtout. Cet homme souffre lui aussi, comme tant de soldats, du traumatisme psychologique lié à la guerre. Ce marginal bouffé par les insomnies s'occupe grâce à un boulot de chauffeur de taxis. Mais bien vite la ville le rattrape, la masse qui souille les rues et pollue les quartiers finit d'achever le travail que la guerre avait entamé. Travis est un homme solitaire, étrange, qui balance entre le jeune candide et le justicier aux rêves de kärcher. Les deux poids de mesure qui forment cet incompris se ressentent dans la réalisation de Scorsese. Ne se contentant pas de montrer l'horreur des bas-fonds du peuple, le réalisateur appose une seconde vision de la ville, avec une beauté mélancolique sur fond jazzy qui donne le rythme au film.
De Niro vit une véritable descente au enfer, lui qui voulait tant avoir une vie normale en se fondant dans la norme. Mais en fait, la folie qui le gagne, qui évolue, le rapproche de son but. Le monde n'est que folie, c'est bien de la norme que Travis se rapproche en se perdant un peu plus.
En quête de sa justice, le Taxi Driver zigzague jusqu'au final en apothéose qui laisse un drôle de goût.
Un grand film.