Identité secrète ? Quelle identité secrète ?

Était-il nécessaire de rebooter Spider-Man ? Le héros est-il suffisamment riche et intéressant pour justifier d'arpenter à nouveau les plates-bandes de l'origin story ? À ces nombreuses questions, je répondais non. Puis, les premiers échos étant bons, je me suis laissé tenter. J'aurais dû me fier à mes instincts. Ce film est profondément inutile et décevant.

Le film reprend de nombreuses scènes déjà vues dans le premier film de Raimi. Peter Parker est toujours un loser, il découvre ses pouvoirs puis se balance dans New York. Son oncle meurt. Pour un film qui se veut être un reboot, on passe beaucoup de temps à nous raconter la même chose. La transformation en Spider-Man prend un temps fou alors qu'on sait déjà comment tout va se passer et Peter ne passe finalement que peu de temps avec le masque sur la tête. Il y a quelques différences mais elles sont assez discutables. Le lance-fluide de Peter est désormais quelque chose qu'il a fabriqué lui-même, en utilisant des cartouches fabriquées par Oscorp ce qui correspond plus à la bande-dessinée mais est en même temps bizarre - un adolescent seul, si génial soit-il peut-il vraiment faire un truc pareil ?

L'action se passe à New York City mais tout est finalement assez générique. Les vues que ce soit dans le lycée, sur le toit des immeubles et dans les rues sont des images tellement communes que l'action pourrait être dans n'importe quelle autre ville des États-Unis. La guimauve dégouline dans le moment de bravoure des new-yorkais où les cuivres et cordes s'activent montrant une Amérique perpétuellement éprise d'elle-même et de ses symboles.

La stupidité du film est crasse. On passera sur l'interface informatique tridimensionnelle transparente qu'on voit tellement partout que son absurdité intrinsèque finit presque par disparaître. On oubliera la voix pré-enregistrée qui a en mémoire toutes les boucles sonores indispensables aux plans diaboliques du méchant "Déploiement du virus maléfique dans deux minutes". Le scénario se permet de maltraiter la science en nous montrant un lycéen qui avec une feuile de papier parvient à faire ce qu'un scientifique reconnu travaillant pour une entreprise prospère et ayant à sa disposition un laboratoire équipé et des assistants n'a pas pu faire en dix ans.

Enfin Peter ne protège pas son identité secrète. Il enlève son masque toutes les trentes secondes ce qui est étrange pour un super-héros. Aussi, il laisse son nom sur son appareil argentique (hipster comme il est, il utilise toujours un appareil argentique). À l'évidence, les gens à l'origine de ce navet n'ont qu'une vague idée de ce qu'est un adolescent d'aujourd'hui. Andrew Garfield - 28 ans - patauge dans ce bourbier, un éternel sourire en coin. Il n'est pas réaliste en adolescent et pas attachant pour un sou. Quelque chose clique cependant quand il enfile le costume et qu'on ne voit plus sa tête. Les petites blagues de Spider-Man jaillissent alors et on se plait à croire que le personnage a été compris. Hélas...

Des parents de Spider-Man (espions dans le comics) on ne verra pas grand chose. On sait qu'ils sont scientifiques et anciens collègues de Curt Connors à Oscorp. Leur disparition / abandon de Peter est la force motrice du scénario. Raconter l'histoire de ses parents qui l'ont abandonné pour des raisons mystérieuses est une erreur scénaristique puisqu'elle diminue l'impact de la mort de son oncle, quelque chose qui était beaucoup mieux établi dans la précédente trilogie, quels qu'aient pu être ses défauts. C'est aussi une erreur de caractérisation du personnage de Peter. Cela le rend antipathique et lourdingue. Et à cause de cela, le personnage de Tante May (jouée par une Sally Field sous-utilisée, quel dommage !) devient une béquille.

Au final, Spider-Man premier du nom était meilleur. Le méchant était meilleur, la confrontation était meilleure. Ici, le Lézard est un méchant faible qu'on voit assez peu somme toute et donc les buts ne sont pas très clairs. Il est aussi capable de faire repousser son bras grâce à un sérum mais sans ingérer de matière ? Comment est-ce que ça repousse alors ? Ensuite, les scènes d'action sont vraiment brouillonnes et illisibles. En particulier Peter qui se balance dans la ville. C'est du déjà vu mais en plus c'est tout flou. Aucune scène qui donne envie de dire "oh, c'est cool, je voudrais être comme lui". Dans un film où un adolescent devient un super-héros.

Après une comédie musicale catastrophique et une trilogie bancale, Spider-Man méritait sans doute de reposer un peu. Ce reboot arrive trop vite et sent le réchauffé.
Hameçon
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le 5 juil. 2012

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