10 ans après le début de la saga de l'homme araignée au cinéma, voilà que Columbia (filiale de Sony) se décide de faire un reboot de Spider-Man et de changer de réalisateur passant de Sam Raimi au yes man Marc Webb. Mais si le Monsieur a le nom parfait pour réaliser un tel film, le résultat à l'écran laisse franchement à désirer et on se dit que le titre, The amazing Spider-Man, a été choisi comme le nom de certaines dictatures. On a rajouté "amazing" pour la même raison qu'on a rajouté "démocratique" dans République démocratique du Congo : parce que ça ne saute pas franchement aux yeux.

Revenons déjà sur la genèse du film. Pourquoi faire un reboot si peu de temps après le 1er Spider-Man ? La réponse est purement stratégique. Après un Spider-Man 3 qui s'est fait dans la douleur, opposant le studio à Sam Raimi, ce dernier a expliqué qu'il voulait le contrôle total pour réaliser un 4ème film. Sony a refusé tout net et viré le méchant réalisateur. Problème, l'équipe des 3 premiers films est resté fidèle au réalisateur, le studio a donc décidé de virer tout le monde. A ce moment-là, on peut se demander pourquoi Sony a absolument voulu sortir un nouveau film. Tout simplement parce que Spider-Man est un héros Marvel et que Marvel Entertainment a été racheté en 2009 par Disney. Tous les superhéros de l'écurie appartiennent donc à Mickey à l'exception de Spidey, propriété de Sony. Mais pour conserver la licence et éviter que Disney ne récupère une de ses perles, le studio devait impérativement produire un nouveau Spider-Man avant 2013. D'où la décision de partir sur The amazing Spider-Man.

Cette petite intro terminée, intéressons-nous au film qui reprend donc à zéro l'histoire de Peter Parker (ici Andrew Garfield). Ce dernier cherche à en savoir plus sur la mort de ses parents et sur les recherches de son père. Cela le mène à Oscorp où il rencontre l'associé de son père, Connors (Rhys Ifans), et se fait mordre par une araignée radioactive. Dans le même temps, il tombe amoureux de Gwen Stacy (joué par la très jolie Emma Stone) et fait sa petite crise d'adolescence avec son oncle et sa tante qui l'ont recueilli après la mort de ses parents. Connors de son côté fait des recherches sur la transplantation de gènes inter-espèce, espérant grâce à de l'ADN de lézard retrouver le bras qu'il lui manque. Manque de pot, il a visiblement choisi un lézard méchant, vu qu'après l'injection, il se transforme en reptile monstrueux. Spider-Man doit donc intervenir.

Je vais être honnête (ça me changera, tiens), je n'aime pas trop Spider-Man mais il faut bien avouer que Sam Raimi avait un vrai style. Ce n'est pas le cas de Marc Webb, réalisateur de 500 jours ensemble, qui n'a aucune expérience ni du blockbuster, ni de film de super-héros mais qui à l'avantage d'être docile. Un manque d'expérience qui se ressent tout le long du film. La réalisation n'a aucun style et les combats ne sont pas franchement impressionnants (en particulier celui dans le lycée même si l'idée de départ est plutôt bonne). On a parfois l'impression que Webb essaye de copier The dark knight mais vu qu'il n'arrive pas à la cheville de Christopher Nolan, le résultat est assez pathétique. On peut prendre comme exemple la scène où des grutiers orientent leur grue pour aider Spider-Man à avancer, simplement parce que l'Araignée a sauvé la vie du gamin d'un des leurs. Qui aurait cru que l'esprit de corps était aussi présent dans le monde du BTP ?

L'humour ne passe pas non plus. La plupart des scènes qui se veulent drôles tombent à plat. Au début, c'est juste énervant, à la fin ça en devient carrément triste. Comme par exemple la scène où Spider-Man et le Serpent se battent dans le dos du bibliothécaire du lycée (joué par Stan Lee, le créateur de l'Araignée) qui n'entend rien car il écoute de la musique avec son casque (clin d'oeil à Terminator). Perso, j'en ai marre de voir cette scène parodiée. J'adore quand, dans Citizen Kane d'Orson Welles, Charles Foster Kane meurt en prononçant dans un dernier souffle "Rosebud". Ce n'est pas pour ça que j'ai envie de voir à longueur de films des gens qui meurent en parlant de la luge de leur enfance (au fait y'avait un spoil là, pour ceux qui n'ont pas vu Citizen Kane fallait pas lire la dernière phrase).

Mais le plus gros défaut de film reste son scénario. 2h17 d'une histoire inintéressante dont on sent chaque seconde et où l'on s'ennuie au bout d'une heure. L'intrigue met bien trop de temps à se mettre en place et même à ce moment-là, difficile de s'intéresser à ce scénario paresseux bourré d'incohérences et de facilités. Elles pullulent en effet dans tout le film : Peter rentre à Oscorp, censé être une énorme multinationale, sans aucune difficulté ; personne ne se pose de questions sur ses nouvelles aptitudes ; la manière dont le Serpent, le méchant du film, découvre l'identité de Spider-Man est ridicule (en lisant son nom sur son appareil photo) ; Peter se crée des gadgets tel Tony Stark ou Bruce Wayne sauf qu'aux dernière nouvelles il n'est pas multi-milliardaire. La liste est longue et pourrait faire l'objet d'un article à lui tout seul. Pour le reste de l'histoire, c'est facile, c'est la même que le 1er Spider-Man.

Les relations entre les personnages sont totalement ratées elles-aussi. L'histoire d'amour entre Peter et Gwen (Emma Stone) ressemble à un mauvais High School Musical mexicain et sa crise d'adolescence est complètement ridicule. La relation entre Spidey et le Serpent a un minimum d'intérêt mais elle n'est pas assez creusée pour être convaincante. Seuls bons points, la psychologie du nouveau Spider-Man qui est plus intéressante que celle du personnage interprété par Tobey Maguire et le personnage de l'oncle Ben plus sympathique que celui de la 1ère trilogie malgré des répliques assez niaises.

C'est donc un reboot raté que nous sort Sony qui prouve que la volonté de faire chier Disney n'est pas la meilleure raison pour produire un film.
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le 20 sept. 2012

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